Professeur d’économie émérite, conférencier, animateur de radio, auteur-interprète, écrivain, notre compatriote Francis Cha fait montre de multiples talents. Et, ce qui ne gâche rien, il sait mettre une dose d’humour dans tout ce qu’il entreprend. À la suite de la qualification de Jean Lassalle pour les élections présidentielles, il a bien voulu adresser à Oloronblog un texte qu’il avait écrit dans la revue « Vent d’Oc » sur le maire de Lourdios-Ichère. Un pastiche écrit à la manière de Tocqueville, cet homme politique et historien du XIXe siècle qui, dans certaines de ses œuvres, a su brosser d’une plume aiguë et ironique. Comme Jean Lassalle a autant d’humour que Francis Cha, nul doute qu’il appréciera.
Le maire de Lourdios-Ichère
Il était fort grand, allant plutôt vers la maigreur. Il portait un grand nez et une forte moustache. Son éloquence était haute et fleurie mais le plus souvent vers le vague et l’indéterminé. Il cachait son ambition et son habileté sous un aspect de convivialité et de manifestations ostentatoires d’amitié à tous les électeurs qu’il rencontrait. Vassal parfois turbulent du Comte de Pau, les micros et les caméras de la capitale se tournèrent vers lui à diverses occasions. Son côté d’authentique berger, de rude montagnard, de troisième ligne de rugby, ne pouvait que fasciner la médiacratie parisienne.
Il se battit héroïquement, avec toute la noblesse politique locale, contre les hordes de chevelus, venus pour certains de la Germanie, pour appuyer la construction du tunnel du Somport dont l’ouverture, par la magie du désenclavement allait apporter la prospérité en Vallée d’Aspe.
Il mit en danger sa santé et même sa vie par une grève de la faim pour empêcher le déplacement (appelé pour l’occasion « délocalisation » ) de soixante kms d’une usine classée en zone Seveso 2 et sauver des emplois en vallée d’Aspe .Un responsable de l’entreprise japonaise commenta sobrement cette action en citant Confucius : « Il ne suffit pas d’être brave ; il faut avoir un peu de jugeote »
Chargé par l’état de faciliter la réintroduction de l’ours avec l’accord des populations locales, il fit en sorte de n’en réintroduire aucun.
Lorsque le « Se canti » s’éleva dans les travées de l’Assemblée Nationale, hémicycle sacré de la République, devant un Sarkozy pour une fois désarçonné, cela fit beaucoup plus pour sa légende que pour l’efficacité puisque la réouverture de la gendarmerie d’Urdos qu’il demandait, ne fut jamais réalisée.
Sa prestation sur la « toile » relative à son premier enterrement en tant que maire et la présentation de son stage pour récupérer les points du permis de conduire lui permirent d’obtenir beaucoup de « I like ».
Sa marche à la rencontre du bon peuple de France ajouta à sa légende.
Ainsi, comme les évangélistes du temps passé, Il exerçait surtout un ministère de la parole.
Francis Cha
Très joli texte, et belle analyse de ce personnage si particulier
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Pour Jean Lassalle, le coup fatal lui a été porté par F. Bayrou qui l’a jugé trop encombrant et compromettant pour sa propre carrière. Il n’a jamais digéré d’avoir été remplacé par Virginie Calmels comme tête de liste pour conduire les dernières élections régionales. Cet épisode a acté le « divorce » Bayrou-Lassalle.
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Au diable l’efficacité! Ceux qui prétendent en avoir, n’en ont certainement que pour leurs intérêts et non pas la population. .
J Lassalle au delà de ce que l’on peut attendre du milieu politique a le mérite de sa sympathie et de nous faire bien rire dans ce monde politique qui nous amène plus vers la tristesse, le désintérêt, voire même le dégout…
Ceci dit, peu ou pas d’autre politiques auraient mis leur vie en danger pour sauver l’emploi local.
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Merci Francis.
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