La République consacre ce matin son article principal à une conférence de presse organisée par le maire pour annoncer selon le titre « Un procédé révolutionnaire testé par la mairie pour réduire la facture d’essence ». Un procédé baptisé SAST qui permettrait de réduire les émissions de CO² et la facture de carburant du parc automobile. Le maire précise « Nous sommes la première mairie à faire appel à cette technologie » et ajoute que les 68 véhicules communaux fonctionnant à l’énergie fossile seront « traités d’ici deux à trois mois ». La vigilance d’amis d’Oloronblog (merci René et Michel) et mes souvenirs professionnels permettent de relativiser la portée de cette annonce et de la replacer dans son contexte.
Un souvenir professionnel tout d’abord. Au début des années 2010, ou peut-être un peu avant, la communauté de communes de Lacq avait reçu la visite d’un cadre commercial venu faire la promotion d’un système révolutionnaire permettant de réguler jusqu’à 10% la consommation de carburant des véhicules. Pour l’anecdote, ce cadre commercial est aujourd’hui un élu de la mairie d’Oloron. Peu convaincus par sa démonstration, nous n’avions pas donné suite.
Passons maintenant à la revue de presse 2010. Dans des articles parus respectivement le 27 novembre et le 1er décembre 2010, La République et Sud-Ouest informent de la réalisation d’un test du procédé SAST sur des véhicules de l’auto-école des Gaves, à Oloron. Étant abonné à La République, je vais reprendre ici l’essentiel de son article signé S.L.
La République du 27 novembre 2010
- L’article nous apprend qu’après 30 ans de recherches, un chercheur du nom de Daniel Lafargue a inventé SAST, « une valise qui, branchée sur l’allume-cigare ou la batterie, optimise le fonctionnement des circuits électroniques, avec une meilleure durée de vie du moteur et de substantielles économies de carburant à la clé : « 7 à 10% pour les véhicules diesel et 20 à 25% pour les véhicules essence et gaz » ».
- L’article de poursuivre : « autour de l’invention de Daniel Lafargue (…) trois autres associés, Philippe Casayous, Christian Latapie et… Hervé Lucbéreilh, ont constitué, à Bosdarros, la société CID Truck, pour commercialiser le système ».
- L’article se conclut ainsi : « Des gars de 50ans qui ont eu envie de changer de vie, résume l’ancien maire d’Oloron. C’est une découverte que nous sommes seuls à maîtriser. Nos clients potentiels sont les collectivités (avec une maîtrise des rejets de CO2), les transporteurs et les autres professionnels de la route, avant de s’attaquer aux particuliers. » À l’auto-école des gaves, sept véhicules sont équipés. L’auto-école reversera 20% des économies réalisées sur le poste carburant à la CID Truck. « Si on ne connaissait pas Hervé Lucbéreilh, on se serait posé des questions », reconnaît un des dirigeants de l’auto-école. Hervé Lucbéreilh comprend. « La difficulté, c’est qu’on vend un produit miracle. »
Quelques remarques pour conclure
- Le principe comme les objectifs du procédé annoncés en 2018 sont identiques à ceux qui avaient été annoncés en 2010. Rien d’innovant là-dedans, sauf à considérer qu’entre-temps quelques améliorations ont pu être apportées à la marge. Mais comme le système nous était déjà présenté en 2010 comme un produit miracle…
- Il serait intéressant de savoir si l’auto-école des Gaves a été conquise par le procédé, si elle l’utilise toujours, et quelles sont les économies qu’elle a pu réaliser grâce à ce système
- Il est curieux qu’encore une fois une initiative sorte ainsi du chapeau sans que les élus municipaux n’en aient été au préalable avisés
- J’espère qu’il s’agit juste d’une omission des journalistes qui ont rendu compte de ce point presse.
Je ne peux croire en effet que, par souci de transparence, le maire d’Oloron, ne se soit pas fait un devoir de rappeler l’implication personnelle qui a été la sienne, à titre privé, alors qu’il n’était plus maire d’Oloron, dans la promotion commerciale du projet SAST