Désistement réciproque à droite : l’engagement/proposition d’H. Lucbéreilh, une main tendue ou un croche-pied à son « Judas », D. Lacrampe ? (Chronique « Municipales 2020 »)


L’engagement en politique fonctionne selon le même principe que l’ardoise magique : on fait serment de…, on assure que…, on propose la main sur le cœur de… et au final, comme par magie, il ne reste plus rien, on efface tout et on recommence. Illustration.

À la mi-janvier, dans un discours officiel prononcé devant les forces vives de la ville, Hervé Lucbéreilh, à mots à peine voilés, n’hésite pas à attaquer son premier adjoint et prochain adversaire Daniel Lacrampe : un traitre, un poltron, un vieux. Et ne voilà-t-il pas que, moins de 30 jours plus tard, dans une intervention que La République interprète peut-être un peu rapidement comme une main tendue, le même Hervé Lucbéreilh propose un deal à Daniel Lacrampe, par presse interposée : « Notre équipe maintient son engagement de désistement réciproque en faveur de l’autre liste, si elle est minoritaire au premier tour. Évidemment, nous attendons la même chose de l’autre liste »

Raison invoquée ? « Mon adversaire, c’est Bernard Uthurry, et personne d’autre. Les électeurs n’ont pas envie de le voir revenir aux affaires ». Ainsi, si l’on comprend bien, Monsieur Lucbéreilh préfère voter pour quelqu’un qu’il traite de Judas, de pleutre et d’ancêtre plutôt que de laisser la ville entre les mains d’un candidat qui n’avait pas démérité durant son mandat de maire, mais dont le seul tort en réalité est d’être de gauche ? Les Oloronais apprécieront le sens de l’intérêt général très particulier qui anime notre maire sortant.

Celles et ceux qui suivent d’un peu près la chronique oloronaise ne s’en laisseront pas conter. Ils savent pertinemment qu’au-delà des éventuels traités de paix, Hervé Lucbéreilh agirait en sous-main pour faire battre Daniel Lacrampe si par cas celui-ci le devançait lors du 1er tour des municipales. Quitte voter et faire voter Uthurry. Et je pense que Daniel Lacrampe agirait de même à l’égard du maire sortant. À moins qu’ils nous jouent les kamikazes en se maintenant tous deux pour le second tour. Mais parfois, l’honneur n’est-il pas à ce prix ?

Cela étant, en proposant ce désistement réciproque Hervé Lucbéreilh ne tend pas la main à Daniel Lacrampe. Il lui fait un croche-pied. Car de deux choses l’une :

  • Daniel Lacrampe accepte la proposition et conforte ainsi ses adversaires mais aussi les électeurs dans l’impression que Lucbéreilh et Lacrampe, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Pas très porteur
  • Daniel Lacrampe rejette la proposition et Hervé Lucbéreilh l’enferme dans le piège : « Nos électeurs, qu’ils votent Lucbéreilh ou Lacrampe, ne doivent pas choisir Uthurry. Donc au second tour, les voix doivent s’additionner. Celui qui refuse ce report portera la responsabilité de la défaite. Je ne serai pas celui-là »

Donc, s’il répond à la proposition d’Hervé Lucbéreilh, Daniel Lacrampe joue perdant-perdant. Lui restent deux solutions :

  • Jouer la montre : ne surtout pas dévoiler dès maintenant ses batteries en comptant sur un résultat favorable au premier tour qui mettra son adversaire dans l’obligation de d’adopter une position conforme à ses déclarations d’aujourd’hui : « Mon adversaire, c’est Bernard Uthurry, et personne d’autre »
  • S’en tirer par une pirouette dans le style : « Comme il est évident que je devancerai Hervé Lucbéreilh au premier tour, je n’ai pas à me positionner sur un éventuel désistement de ma part en sa faveur »

Le maire sortant est d’ailleurs trop fin politique pour croire une seconde que son adversaire tombera dans le piège qu’il cherche à lui tendre. Car il ne faut pas prendre son engagement-proposition pour autre chose : une tentative de déstabilisation du concurrent. Mais comme le concurrent en question n’est pas tombé de la dernière pluie… En tout cas, il est bien dommage que dans ces guéguerres picrocholines l’intérêt du citoyen passe au second rang. D’accord, ces combats politiques dans lesquels seule importe la destruction de l’opposant remontent à la nuit des temps. Mais est-ce une raison suffisante pour ne pas s’en désoler ?

Voilà la situation en ce 7 février. D’ici le 15 et le 22 mars, l’ardoise magique aura l’occasion de fonctionner à plein régime. Et les engagements-propositions d’aujourd’hui seront devenus depuis longtemps lettre morte. D’autres écrits et propos auront pris la suite. Toujours avec le même objectif : chercher à coincer l’adversaire, à lui faire commettre la faute qui permettra de grappiller quelques voix. Et quand on sait que le résultat final s’est joué à Oloron à 119 voix près en 2008 et à 8 voix près en 2014…
Rappel : tous les articles du blog consacrés aux élections municipales 2020 sur Oloron sont accessibles à partir de l’onglet « Municipales 2020 » situé tout en haut de la présente page

16 commentaires sur « Désistement réciproque à droite : l’engagement/proposition d’H. Lucbéreilh, une main tendue ou un croche-pied à son « Judas », D. Lacrampe ? (Chronique « Municipales 2020 ») »

  1. Vous avalisez donc in fine, l’idée qu’un  » fin politique  » est un fin manipulateur, ce qui revient donc à tromper une majorité d’électeurs . Et si le secret résidait tout sImplement dans la citation en 1925 de Sir Georges Bernard Shaw, prix Nobel de Littérature :  » Les hommes politiques comme les couches doivent être changés souvent et pour les mêmes raisons « .

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  2. Mais rien sur l’économie, l’écologie, la justice sociale, la jeunesse, la culture, la santé, le sport, l’alimentation… Rien du tout.

    Rien sur le fond, c’est juste de la tambouille. “je te donne ci, mais tu me donnes ça”. La démocratie n’est pas un business! Combien de gens se sont-ils écartés des urnes, navrés et lassés de telles attitudes narcissiques et méprisantes ?

    C’est donc cela la politique à l’ancienne! Aucune proposition pour la ville, juste des enjeux personnels.

    L’avenir d’Oloron dépendrait seulement d’une tambouille entre 3 notables, qui le négocieraient entre eux, sans autre sujets qu’eux-mêmes, leurs envies de revanche, leurs affinités (changeantes), leurs ambitions municipales, départementales, régionales, législatives, leurs alliances et leurs rivalités. Ils seraient propriétaires de leurs voix, les gens n’auraient pas de libre arbitre et s’en remettraient les yeux fermés au résultat de la tambouille. Comme des bergers qui conduiraient les moutons de leur troupeau d’une estive à l’autre.

    Les Oloronaises et les Oloronais méritent mieux que cela. Nous méritons un débat, des propositions, des idées, des projets. Nous souhaitons comparer, échanger, critiquer, juger et enfin choisir en notre âme et conscience. C’est cela la démocratie et le respect.

    J’imagine, J’espère, que quelque soient nos idées respectives, cette appel ne pourra que faire l’unanimité auprès des lectrices et lecteurs. La vigueur de notre démocratie doit faire l’union sacrée.

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    1. L’avenir d’Oloron dépendrait seulement d’une tambouille entre 3 notables, qui le négocieraient entre eux, sans autre sujets qu’eux-mêmes, leurs envies de revanche, leurs affinités (changeantes), leurs ambitions municipales, départementales, régionales, législatives, leurs alliances et leurs rivalités.

      Il y a des décennies que ça dure et c’ est pas parti pour cesser. Il serait plus que temps que l’ électorat oloronais s’ en rende compte. Les élections tombent au moment des Mascarades, nous aurons droit sûrement à Oloron à une nouvelle séance habituelle.

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  3. …Je n’aime pas le titre « désistement à droite »… quelle liste s’affiche comme étant de droite ? HL, DL, autre ? je me serais limité à « désistement réciproque ». DL devrait réunir dans sa liste des personnalité de tous bords.
    Pour l’anecdote, La Maire de Paris a « piqué » à BH son slogan. Sa liste se nomme « Paris en commun »… ou alors c’est BU qui lui a piqué… ou alors ce sont les directives du PS… à suivre

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    1. Tout comme les autres Oloronaises et Oloronais, j’ignore la composition des 2 listes puisqu’elles n’ont pas encore été publiées. Je m’en remets à la sensibilité politique de leurs chefs de file 🙂

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  4. Bonjour, c’est curieux que nulle part, on ne parle de la liste citoyenne 2020 ?!
    Alors, peut-être faut-il mettre en application la citation proposé par Arbitre (merci) Sir Georges Bernard Shaw >>> Et puisque les 3 têtes de liste cités ont déjà fait leur preuves (!)….Ben, laissons à nos 3 lascars leurs guéguerres picrocholines (au moins cela les occupe) et penchons vers celles et ceux qui semblent montrer un véritable intérêt du citoyen. Faisons confiance à des têtes nouvelles pleines d’idées, Il faut changer de couche et en mettre une nouvelle, la 4ème !

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      1. @Yves Cazaux, Daniel Lacrampe a voté pendant 6 ans toutes les résolutions de H. Lucbéreilh, donc il a quand même été un peu maire non ? Et nombres des orientations sur l’économie et l’environnement (entre autres) étaient (hélas) sous sa responsabilité à la CCHB. Peu importe ses qualité ou ses défauts, on ne peut pas parler de renouvellement dans ce cas sans être franchement de mauvaise foi 🙂

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        1. Bien sur DL n’est pas un inconnu. Quant à son bilan à la CCHB il est plus qu’honorable. Renseignez-vous auprès des Maires de son opposition.

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  5. L’article est coup de pouce pour Bernard Uthurry « un candidat qui n’avait pas démérité durant son mandat de maire, mais dont le seul tort en réalité est d’être de gauche »
    Comme quoi, le neutralisme n’est pas une science.

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    1. Le blogueur persiste et signe : si on le compare à celui il est vrai catastrophique qui s’achève, le mandat de Bernard Uthurry est honorable. Ce n’est qu’un simple constat et non une prise de parti dont l’intéressé et les électeurs n’auraient d’ailleurs que faire.

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  6. … et tout le monde de s’offusquer à l’article précédent sur le respect de la République ?
    Julien à raison parlons d’Oloron pour ces 6 prochaines années ?
    Urgence démocratique, écologique, social.. et économie locale!!
    Le reste est hors sujet!

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