Ex-maternité d’Oloron : appel sans écho, appel à l’écot


Si l’action des « gilets jaunes » en était samedi à son acte XIV, entre pétitions, manifestations, délibérations, réunions, l’action menée par les défenseurs d’une maternité à Oloron a de loin dépassé ce chiffre. Et, je parle là que pour la maternité, les résultats obtenus ne sont pas jusqu’à présent à la hauteur des efforts déployés. La République nous annonce aujourd’hui le prochain épisode : le collectif SOS proximité ainsi que quelques autres (une sage-femme, deux mamans et, si j’ai bien compris, la commune d’Oloron et le maire d’Oloron en qualité de président du conseil de surveillance du centre hospitalier) vont faire appel de la décision du tribunal administratif de Pau qui les a déboutés de leur demande d’annulation de l’arrêté du directeur de l’Agence régionale de santé décidant la fermeture de la maternité en décembre 2017.

L’appel a-t-il une chance d’être entendu ?

Rappelons tout d’abord que la Chambre administrative d’appel de Bordeaux n’aura pas à se prononcer sur l’opportunité d’une maternité à Oloron. Elle aura pour rôle de dire si le Tribunal administratif, qui n’avait pas lui non plus à se prononcer sur cette opportunité, a fait un bon usage du droit en décidant que l’arrêté pris par le directeur de l’Agence régionale de santé respectait la loi. Quant à savoir si l’appel a une chance d’être entendu, impossible à dire vu le peu de détails qui nous ont été communiqués sur les motifs qui ont fondé la décision du tribunal administratif. Mais je veux croire que l’avocat du collectif, de la mairie et des autres demandeurs les aurait dissuadés de tout appel s’il avait considéré que les chances de réussite étaient nulles.

Un appel sans écho

Nos élus n’auraient-ils pas déjà tiré une croix sur la question ?  Quand on considère le peu de réactions qu’a suscité l’annonce de la décision de rejet du tribunal administratif, on peut le penser. D’ailleurs, lors du conseil municipal du 4 février qui a suivi d’assez peu le rendu de la décision, ni le maire, pourtant maître de l’ordre du jour, ni le moindre élu, éventuellement par le dépôt d’une question d’actualité, n’a abordé le sujet. Si l’on excepte sans doute Robert Bareille, ils sont passés à autre chose.

Un appel à l’écot

Le coût de cette nouvelle procédure, principalement les frais d’avocat, est évalué à 4 500 €. Les collectivités sollicitées font la sourde oreille.

  • La commune estime, à juste raison semble-t-il, qu’elle est déjà passée suffisamment à la caisse (30 000 €) et que le reste du territoire doit faire maintenant preuve de solidarité. Cela étant, ne devait-elle pas aller financièrement (il s’agirait d’une somme de 4 500 € selon un – très – proche du dossier) également au bout d’un processus qu’elle a voulu piloter seule jusqu’à présent ? De surcroît, elle a bien su trouver 4 500 € (ce qui, par parenthèse, n’est d’ailleurs pas un montant excessif pour 20 journées de travail), un montant que je tiens d’un  pour rémunérer le cabinet auquel elle a confié l’organisation de la partie oloronaise du grand débat national
  • Quant à la communauté de communes (qui était selon mes informations sollicitée à hauteur de 500 à 1 000 €), elle a opposé une fin de non-recevoir au motif que ce n’était pas dans ses compétences. Pourtant, quand on veut vraiment, on trouve toujours une solution. Par exemple, dans le cas présent, la communauté de communes du Haut-Béarn compte dans ses compétences, je cite : « Tout équipement unique qui par nature rentre dans le champ de compétence de la Communauté de Communes et/ou à vocation à être utilisé par l’ensemble de la population du territoire ». Ne pouvait-elle avec un minimum de bonne volonté, trouver là un biais pour apporter son écot ?

Soyons réalistes

Une maternité à Oloron, c’est fini. Tout (démographie médicale locale, politique nationale en matière de santé etc.) concourt à cette issue. Nos élus ont d’ailleurs tiré un trait dessus. Mais ils ne peuvent le dire trop fort, le parler vrai en période pré-électorale étant mal reçu, donc rarement de mise chez eux. À moins, comme certains, de pratiquer le double langage : se dire convaincu dans certains cénacles privés, et au fond de soi-même, que le dossier est mort, et, publiquement, faire comme si on croyait que la partie était encore gagnable. Ainsi va trop souvent le monde politique. Remarquez, il faut admettre pour leur défense qu’il est rare que ceux qui tiennent un discours de vérité à leurs concitoyens soient réélus la fois suivante. Une autre manière de dire que nous avons les élus que nous méritons.

12 commentaires sur « Ex-maternité d’Oloron : appel sans écho, appel à l’écot »

  1. Maire de Géüs d’Oloron et Conseiller Communautaire ,je ne pratique pas le double langage et n’ai pas tiré un trait sur la fermeture de la maternité.Je me retrouve au sein de « SOS Proximité » au côté de Robert Bareilles et d’élus de tout bord pour tenter de la maintenir.Je reconnais qu’au sein de la CCHB on n’a pas fait ce qu’il fallait .
    Pourtant, tous les soi-disant experts de tout poil, qu’ils soient de l’ARS Hara-kiri ou d’ailleurs ne pourront jamais justifier la mort de notre maternité autrement que par des calculs technocratiques d’énarques coupés de la réalité .
    Tous les meilleurs spécialistes du monde ne nous feront jamais douté de la nécessité de maintenir une maternité sur un territoire de plus de 33 000 habitants.
    Tous les Thomas Diafoirus censés se porter à son chevet n’ont fait que l’achever..Et tous les prétendus (ir)responsables hospitaliers porteurs de projets que la discréditer .Comment s’étonner alors de la baisse de ses naissances et de sa détérioration ?
    Quand on veut tuer son chien on l’accuse de la rage!
    La fermeture de notre maternité est un exemple flagrant de tentative d’affubler les économies imposées en matière de santé d’un fallacieuse volonté d’agir pour le bien des populations; cela participe d’un mépris et d’une violence inouïe à leur encontre .
    L’Etat doit garantir le droit de naître, de vivre et de mourir sur notre territoire :serait-il le plus éloigné,le plus déshérité du monde ,qu’il s’agirait encore d’une parcelle de la République,de droit à l’égalité et à la dignité .
    Tous ces Hauts Dignitaires hospitaliers semblent avoir oublié un critère basique essentiel :en matière de santé ,la SECURITE ,c’est la Proximité !!

    J'aime

  2. je vais jouer les provocateurs. 🙂

    La proximité de quoi quand il n’y a plus de naissances ? nous ne serions pas citoyens du monde? le fait que la plus grande maternité française se trouve à Mayotte devrait nous remplir d’aise ? ne nous a-t-on pas rabâché que la maternité rendait esclave la femme qui devait quitter son foyer (mot rétrograde nous plongeant non pas dans la vaisselle mais au 19e siecle voir avant) et aller travailler pour avoir son indépendance financiere.?

    Et bien c’est fait…la nature reprend ses droits, la forêt progresse, les paysans disparaissent, les enfants montent à la ville ou quittent le pays pour les plus diplômés, les loups reviennent ,reste à venir les bandits de grands chemins et autres chauffeurs de pâturons…

    J'aime

  3. J’apprécie ta provoc ,mais je ne peux te laisser dire qu’il n’y a plus de naissances…
    Il n’y en a plus à Oloron parceque la maternité est fermée ,et il y en avait moins ces dernières années pour les raisons que j’ai expliquées :des irresponsables ont tout fait pour la dégrader et faire fuir ailleurs les mamans.
    Mais il y a bien assez de naissances sur notre territoires pour y maintenir une maternité :c’est justement un argument fort de notre combat !I

    J'aime

    1. oui bien sûr! d’ailleurs mon épouse a accouché d’un enfant à Oloron qui serait né dans la voiture si on avait du aller à Pau. bien sûr que je suis pour le maintien de cette maternité mais voila de grands enjeux font de petits désastres.d’ailleurs en étant un peu hors sujet quoique j’ai appris que le projet de carriéres dans le bager redémarrait . ce pays va être désossé petit à petit…..

      J'aime

      1. Le blogueur est preneur de toute information concernant le démarrage de l’exploitation des carrières dans le Bager car, à sa connaissance, il n’y a eu aucune modification du plan local d’urbanisme intercommunal, aucune délibération du conseil municipal d’Oloron et aucun arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation. Mais ces informations ont pu lui échapper…

        J'aime

  4. Joël a mis le cochon dans le maïs des élus qui souhaitent se représenter aux prochaines élections municipales de l’année prochaine. En dénonçant que leur municipalité refusaient de faire un petit geste financier pour atteindre les 4500 € nécessaires pour couvrir les frais d’avocats dans la procédure d’appel de la suppression de la maternité.

    J'aime

  5. 4500 €, c’est le tarif d’un avocat pour contester la décision d’un tribunal administratif. Notre Association avait prospecté cette possibilité avant d’abandonner cette démarche. A ce stade, l’assistance d’un avocat est obligatoire.

    J'aime

    1. @ serge Auré:
      C’est le même! la disparition de la maternité est un symptome parmi d’autres de la désertification du monde rural et de la France périphérique. Mais comme vous le savez il y a une regle en physique: la nature à horreur du vide.Et tout vide provoque un appel d’air que des apprentis sorciers veulent combler.Cela va forcément mal se passer. Mes propos peuvent paraître sibyllins mais pour le moment on ne peut pas appeler un chat, un chat ( je ne parle pas bien sûr de ce blog) et à force de reculer la réaction sera d’autant plus violente.

      J'aime

  6. Au sujet du député Lassalle et de ses aigreurs d’estomac (la maternité oloronaise par exemple, A.N. lundi 18 mars)
    « Moi j’aurais fait comme (Nicolas) Hulot, j’aurais dit ‘merde’ et je serais parti… Et elles en seraient sorties grandies. J’attends que la dernière s’en aille mener la liste de La République en marche (LREM) aux Européennes. Il y aura un peu moins de maternités de fermées peut-être », a poursuivi l’élu des Pyrénées-Atlantiques. »
    https://actu.orange.fr/politique/la-deputee-ps-ericka-bareigts-recadre-jean-lassalle-et-ses-remarques-genrees-magic-CNT000001dRVtG.html

    J'aime

Les commentaires sont fermés.