Compte-rendu un rien désabusé du conseil municipal du 9 avril 2018


Hier soir, sur le coup de 23 heures 15, un élu un rien désabusé me confiait son sentiment : « Je me demande ce que les gens vont bien pouvoir retenir de cette séance ». Un constat lucide après ces 4 heures 45 de réunion. Pour savoir ce que « les gens » en retiendront, il suffit de se reporter au compte-rendu qui est fait aujourd’hui de ce conseil municipal dans la presse locale.

Les journalistes ont surtout noté deux escarmouches :

  • l’attaque en règle, portée par l’opposition (Bernard Uthurry, Patrick Maillet et, dans une moindre mesure, Jean-Étienne Gaillat) sur les frais de mission. Même si, par précaution oratoire, les intervenants ont rappelé la présomption d’innocence. Les élus de la majorité allaient-ils se précipiter au micro pour défendre l’honneur de leurs collègues ainsi mis en cause ? Que nenni ! Service minimum : la Chambre régionale des comptes et le procureur sont saisis du dossier, on attend leurs conclusions
  • l’accrochage entre Bernard Uthurry et Pierre Serena à propos de la réfection des tribunes du stade, le premier demandant où en était précisément le projet, le second préférant le renvoyer à sa fonction de conseiller régional, une institution qui serait bien inspirée selon lui d’accorder au projet la subvention la plus élevée possible

Pour le reste, rien que du classique, pour ne pas dire du ressassé, du remâché. Ce qui ne veut pas dire que les élus ne travaillent pas leur sujet. Mais, d’une année sur l’autre, ce sont les mêmes arguments recuits qui sont resservis.

  • Et l’opposition d’adresser à la majorité les mêmes critiques que cette dernière lui envoyait lorsqu’elle-même était hier dans l’opposition : vous n’investissez pas assez, vous dépensez trop en fonctionnement, vous augmentez trop les impôts, vous empruntez trop etc.
  • Et la majorité de répliquer à l’opposition en lui ressortant les mêmes arguments que cette dernière lui envoyait à la figure lorsqu’elle-même était dans la majorité : votre propre bilan ne plaide pas pour vous, nous sommes confrontés à une réduction de plus en plus importante des aides de l’État aux communes, faites des propositions au lieu de vous cantonner dans une critique systématique etc.

Bref, une discussion qui ne fait pas avancer les choses, une manière comme une autre de noyer le poisson.

Je sais bien qu’il est plus commode de se cantonner dans une position de blogueur commentateur plutôt que d’adopter une attitude d’élu acteur. Je n’ignore pas non plus que la bonne administration d’une commune réclame des élus des qualités de gestionnaires et de comptables. Mais un conseil municipal, ce ne doit pas être uniquement un cénacle de comptables et de gestionnaires.

On attend certes de nos élus qu’ils s’occupent avec compétence de notre quotidien. Encore que… c’est là plutôt l’affaire des services municipaux. On attend surtout d’eux qu’ils soient porteurs d’un projet pour la commune. Un projet, ce n’est pas l’énoncé à la queue-leu-leu de multiples annonces qui n’ont jamais fait l’objet d’un débat en conseil municipal et qui, à peine publiées, sont aussitôt oubliées. Un projet, c’est une démarche cohérente, fruit d’une réflexion d’équipe et non pas l’empilage d’actions qui partent dans tous les sens sans que l’on puisse discerner un fil conducteur.

Ce fil conducteur dans l’action municipale, on le cherche en vain dans les sujets et les échanges du conseil municipal de ce 9 avril. Comme on le cherchait déjà en vain lors des précédentes assemblées délibérantes. Oui, ça manque de souffle. Et comme il y a de moins en moins de monde pour croire au Saint-Esprit, il ne faut pas non plus attendre la solution de ce côté-là.

Pour terminer sur une note plus terre à terre, voici, en forme de clin d’œil, quelques séquences du conseil d’hier :

  • À Bernard Uthurry qui voulait savoir si le projet de réfection des tribunes se ferait à l’identique ou si, comme cela a été annoncé dans la presse, on perdrait des places en raison de la création d’un espace VIP, Pierre Serena a répliqué que les tribunes seraient « reconstruites à l’identique, peut-être avec moins de places ». Faudrait savoir… Comme quoi, acculé dans ses 22 mètres, dans une situation embarrassante, un talonneur qui veut botter en touche n’a pas l’aisance d’un demi d’ouverture
  • L’une des questions inscrites à l’ordre du jour portait sur les dégrèvements d’eau accordés en 2017 à certains particuliers. Jean-Étienne Gaillat s’est étonné que l’un de ces dégrèvements ait pu être accordé pour le motif suivant : « remplissage piscine ». Et l’élu de s’exclamer : « Je remplis ma piscine et je le fais payer à la ville ? Mais on est où, là ? ». Le président de séance, Daniel Lacrampe, s’est engagé à demander « aux services » une explication de ce qui apparaît en effet à première vue comme un passe-droit. Si « les services » n’ont pas d’explication valable à faire valoir (même si je leur fais confiance pour en trouver une !), tous les autres propriétaires de piscines vont se mordre les doigts de ne pas avoir sollicité eux aussi un dégrèvement
  • Hier soir, l’opposition municipale s’est montrée mordante, combative. Est-ce parce qu’elle nous a habitués à sortir les griffes durant quelques heures uniquement une fois par an, lors du conseil municipal consacré au vote du budget ? Histoire de montrer qu’elle existe. Ou bien lance-t-elle ainsi sa période d’échauffement en vue des prochaines échéances ? Un début de réponse sans doute à l’occasion des prochains conseils

16 commentaires sur « Compte-rendu un rien désabusé du conseil municipal du 9 avril 2018 »

    1. Le contentieux est en cours. La question à l’ordre du jour concernait l’inscription d’un crédit au budget pour le cas où la commune se verrait condamnée à prendre en charge tout ou partie des travaux.

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  1. merci Joël pour ce compte rendu.
    j’ai pas bien compris cette histoire d’emprunt de 1 200 000 € pour le lotissement de soeix ? cet emprunt a t il été contracté ? les travaux ont ils commencé ?

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    1. Si j’ai bien suivi le débat, l’emprunt de 1 200 000 € contracté par la commune pour la réalisation du lotissement de Soeix a bien été contracté par la commune… pour être remboursé quelques années plus tard… alors qu’il n’y a pas eu le moindre coup de pioche pour créer le lotissement. Résultat des courses : le temps où l’emprunt a transité par les caisses communales, la commune a payé (à hauteur d’un peu plus de 45 000 €) des intérêts pour rien. Et, au final, la création du lotissement est abandonnée. Comme quoi une commune n’est pas nécessairement un bon investisseur et peut même se montrer sur certaines opérations un bien mauvais gestionnaire

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      1. À propos du lotissement de Soeix et pour être plus précise, ce naufrage ne se traduit pas seulement par 48 000 euros d’intérêts réglés pour rien, mais ce sont 263 000 euros que paieront les oloronais en 2018 pour cet échec. Échec que reconnaît l’adjoint des finances aujourd’hui dans la presse.
        Si les restos du cœur, par exemple, avait disposé du même montant, ce sont 263 000 repas supplémentaires qui auraient pu être offerts.
        Ou encore, 263 000 euros au bénéfice des personnes à mobilité réduite. En effet par délibération en septembre 2016, votée à l’unanimité, la municipalité s’était engagée à réaliser 352 000 euros de travaux pour le plan accessibilité à fin 2017. À ce jour seul 0,11% de ce montant a été effectué, soit 39 000 euros. Une fois de plus, la majorité municipale se distingue par la pertinence de ses projets et l’utilisation de l’argent public.

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        1. Mais il me semble que l’on parlé déjà du projet de lotissement de Soeix lors du précédent mandat ? Je crois même que le projet été bien avancé. Après, la majorité du moment a peut être préférée privilégier un centre nautique !! Qui sait ?

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  2. …..les tribunes seraient « reconstruites à l’identique, peut-être avec moins de places ». Faudrait savoir…
    Il faut savoir que les bancs de bois seront remplacés par des fauteuils pour les VIP et le  » petit peuple » ira sur la pelouse avec des parapluies en cas de pluie …….
    C’ est ça le progrès.

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    1. Pierre Serena a été plus flou dans sa définition du projet en l’état actuel : un espace VIP, il y en aura un… ou peut-être pas. L’adjoint aux sports aurait été quelque peu piégé en découvrant les annonces du maire à propos de cet espace VIP que ça ne m’étonnerait pas…

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  3. Il me semble que ce n’est pas votre objectif, mais, au vu de la qualité de vos infos, analyses et état d’esprit, la ville d’Oloron gagnerait à avoir un élus de votre trempe ! Voyez vous, cela n’a peut-être pas effleuré votre esprit, mais le mieux…oui ! Du coup, l’idée est dans l’air….et rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue ! Mais faut t’il gagner un élu efficace ou conserver un informateur pertinent ? Vaste question !

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  4. Qui est monsieur Serena pour se permettre de répondre à Mr Uthurry « tu n’es pas mon père ni le maire, tu n’as pas de leçons à me donner » ? Quand on a un niveau de la longueur d’une paire de ciseaux de coiffeur on respecte les gens. Incapable de suivre un dossier Mr Serena dixit le maire actuel …..

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  5. Un spectacle ennuyeux !

    J’ai l’impression d’être dans un film en noir et blanc. Une gouvernance locale classique, majorité opposition et inversement, sans ambition dans ses projets, archaïque dans son fonctionnement, désuète dans ses passe d’armes, absente dans le débat, sourde à sa population, aveugle au monde qui bouge, étriquée dans son action, banale dans ses décisions, empêtrée dans des conflits internes et démotivée de jour en jour.
    Oloron a besoin d’innovation, de couleur, et de fraîcheur.
    On la sent plutôt un frein dans le développement du territoire. D’autant qu’au niveau communautaire ce n’est guère mieux.
    Vivement la fin de ce mandat, en espérant que le réveil sonne !!

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    1. Bien triste bilan que vous osez faire, mais bien réel et bien loin de la réalité actuelle
      locale et mondiale. Malheureusement à entendre les propos de certains, je ne pense pas que cela changera beaucoup du fait d’ être calés dans un schéma qui perdure depuis des décennies. Un coup moi , un coup toi…..
      A ne pas vouloir voir qu’ il peut y avoir des solutions alternatives à la mouvance en place, tout le monde s’ installe dans une douce léthargie qui chasse sans pitié les idées innovantes. En somme, chasse aux idées, pêche aux voix et tradition de G et de D

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