Conseil municipal du 9 avril 2018 : survol des budgets principaux (chronique « calculette »)


Lorsqu’un résultat ne nous convient pas, on a vite fait de penser que : « de toute façon, on fait dire aux chiffres ce que l’on veut ». Je dirai les choses d’une manière différente : « non, les chiffres ne mentent pas. Seulement, ils possèdent des vérités diverses selon qui les regarde et d’où il les considère ». Quelle est donc « ma » vérité en parcourant les colonnes de chiffres du compte administratif 2017 et du budget primitif 2018 de la ville qui vont être soumis au vote du conseil municipal ce lundi soir ? (très) Rapide survol de ces deux documents.

  1. Le compte administratif 2017

Le compte administratif est le document qui reprend, au centime près, les dépenses et recettes réellement constatées au cours de l’année dernière. Les constats qui suivent concernent le seul budget principal. Car il existe cinq autres budgets annexes dans des domaines très ciblés : l’eau potable, l’assainissement, les navettes urbaines, les lotissements de Soeix et de Légugnon qui mériteraient également notre attention… mais ce sera pour une autre fois.

  • Une baisse conjuguée des dépenses et des recettes de fonctionnement : en 2017, les dépenses réelles de fonctionnement de la commune (11,8 millions d’€) ont baissé pour la première fois depuis 2014. S’il faut se féliciter de ce mouvement en décrue, il faut le relativiser dans la mesure où il s’accompagne d’une baisse simultanée (- 3,71%) des recettes réelles de fonctionnement. Soyons objectif toutefois : cette baisse simultanée est préférable à la situation de l’année précédente où les dépenses avaient augmenté alors que les recettes avaient diminué
  • Une réduction de la dette qui se poursuit : sans aller jusqu’à affirmer qu’en la matière les feux sont au vert, la situation de la dette communale s’améliore d’année en année. Même si la baisse de l’encours (le montant de capital restant à rembourser) est assez modérée (elle passe de 11,4 millions d’€ en 2016 à 11,2 M€ en 2017)
  • Des charges de personnel élevées : avec 6,6 M€ en 2017, elles représentaient 56% des dépenses de fonctionnement de la commune. C’est supérieur au ratio constaté au plan national dans les communes d’une taille comparable à Oloron (53%). Et il faut se rendre à l’évidence : si ce poste budgétaire pèse lourd dans le budget communal c’est aussi l’un de ceux qu’il est le moins facile de diminuer à moyen terme
  • Oloron n’investit pas suffisamment : avec un montant de 1,9 M€, ce que l’on nomme les « dépenses d’équipement » a représenté en 2017 une somme de 162 € par habitant quand sur le plan national elles atteignent 263 € pour les communes de taille équivalente à Oloron. 5 opérations seulement ont été supérieures à 100 000 € : l’Esplanade des Laneficiers, devant le lycée du IV septembre (320 K€), les travaux de voirie (309 K€), les vestiaires du Mur (115,8 K€), l’aménagement de la mairie (102 K€), les acquisitions de véhicules (102 K€). Une commune qui n’investit pas est une commune qui languit. Mais si pour investir, la commune n’a d’autre solution que d’emprunter, donc de creuser sa dette, on comprend le dilemme de ses élus.
  • Un autofinancement lui aussi très insuffisant : même si la situation s’est très légèrement améliorée par rapport à l’année précédente, la commune a encore « économisé » en 2017 sur son fonctionnement des sommes très modestes pour financer des dépenses d’équipement (390 K€ en 2017 contre 358 K€ en 2016). Donc, pour renouveler ou développer ses équipements, il lui faut avant tout tabler sur les subventions extérieures, ou sur l’emprunt… ou tout simplement renoncer à s’équiper. Elle est « dans la seringue ».
  1. Le budget primitif 2018

Les orientations budgétaires 2018 ayant déjà été commentées par Oloronblog (voir ici) après le débat auquel elles ont donné lieu en conseil municipal le 12 mars dernier, je ne vais pas m’appesantir à nouveau ici sur le sujet. Quelques remarques toutefois :

  • Stabilité des taux d’imposition : les taux sur la taxe d’habitation et les taxes foncières resteront inchangés. D’un autre côté, il semble bien que la majorité municipale a renoncé au rétablissement d’une partie des abattements sur la taxe d’habitation, une mesure qu’elle avait envisagée un moment
  • Un coup de pouce sur les opérations d’équipement : entre achèvement des opérations déjà engagées en 2017 et opérations nouvelles c’est un crédit de 5 M€ qui est inscrit au budget 2018 contre, je le rappelle, 1,9 M€ réellement dépensés sur ce poste budgétaire l’an dernier. Reste à savoir si toutes ces opérations seront effectivement réalisées. Une phrase du document d’orientation budgétaire insinue un doute en la matière. Je la cite : « Les grandes opérations ne seront engagées pour la plupart que lorsqu’elles seront assurées de financements significatifs ». Est-ce à dire que pour se donner bonne contenance, montrer qu’on n’hésite pas à investir, on inscrit au budget des opérations dont on sait par avance… qu’on ne les réalisera pas ?
  • Un recours à emprunt important : la majorité municipale considère-t-elle que les efforts consacrés au désendettement de la commune ont atteint leurs limites… ou leurs objectifs ? Toujours est-il que l’équilibre du budget nécessite un recours à emprunt à hauteur de 2,1 M€. À ce rythme-là, le poids de la dette reviendra vite à ce qu’il était avant 2014, c’est-à-dire à un niveau que la majorité municipale actuelle jugeait insupportable. Cela étant, il y a peut-être une petite lueur d’espoir : la commune table sans doute sur des subventions sollicitées mais non encore accordées qui, une fois obtenues, permettront de diminuer d’autant le montant du recours à emprunt.

3 commentaires sur « Conseil municipal du 9 avril 2018 : survol des budgets principaux (chronique « calculette ») »

  1. D’une manière générale les élus sont très satisfaits quand ils sont « dans la moyenne de la strate » cet indicateur qui compare avec les communes de taille analogue.
    Mais ceci est un leurre car la gestion dans les communes, et en particulier au niveau de la masse salariale est très mauvaise (voir les nombreux rapports de la Cour des Comptes à ce sujet.)
    C’est un peu comme si on comparait la gestion de la France avec l’Italie, la Grèce l’Espagne…
    Au pays des aveugles les borgnes sont rois.
    D’autre part on ne peut plus se contenter de regarder uniquement le budget de la ville, il faut aussi y inclure la quote part dans la Communauté de communes pour parler à périmètre constant…

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    1. On est bien d’accord : Il ne faudrait pas regarder uniquement le budget de la ville pour avoir une vision globale des charges qui pèsent sur ses habitants mais aussi des avantages que leur apporte la collectivité. Dans ce cas allons jusqu’au bout : prenons en compte tous les budgets qui influent sur nos concitoyens : ville, département, région, État, Europe, sécurité sociale etc. etc. Là, je le reconnais bien volontiers : je ne sais pas faire !

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      1. Il ne faut pas exagérer, ce que je dis n’a pas seulement une logique comptable, cela a aussi une logique électorale car CE SONT LES MEMES qui ont été élus dans la même élection par les citoyens.
        Rien à voir avec les autres strates qui ont leurs propres élections.

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