« Ma Ville », le morceau de rap à la gloire (?) d’Oloron SainteRima (chronique « demandez les paroles »)


Mardi dernier, La République présentait l’une des premières créations musicales du studio B3X de Benjamin Bonnave : une composition de SK, un rappeur anonyme et qui, précise-t-il, tient à le rester. Écrites il y a 15 ans, les paroles (que l’on trouvera ci-après) décrivent Oloron comme SK l’a vécue. Selon Benjamin, elles restent très actuelles. Comment expliquer autrement que le clip de « Ma Ville » (que l’on peut trouver en cliquant ici) ait déjà été visionné à plus de 5 600 reprises ?

Disons-le tout net, je ne connais rien au rap. Affaire de génération peut-être. Je sais tout de même que le rap est à la chanson d’amour ce que le répertoire de Patrick Sébastien est à la chanson de texte. À juger que « noir c’est noir » plutôt qu’à dépeindre « la vie en rose ». C’est un genre musical qui permet, notamment à la jeunesse, de crier sa rage, son mal-être, sa révolte, sa souffrance.

Est-ce le cas ici ? Voici ce qu’en dit Benjamin dans La République : « C’est une chanson à double entrée : le citoyen lambda ne se rend pas forcément compte des choses qui se passent sous ses fenêtres à quatre heures du matin : la chanson peut l’aider à mieux comprendre la rupture sociale qui grandit un peu partout. À l’opposé, ”Ma ville” parlera beaucoup aux adolescents oloronais dont le quotidien est le même que celui de SK, et ils se rendront peut-être compte qu’ils n’auront pas à vivre toute leur vie dans cet état de haine. »

En découvrant ces paroles, chacun est bien sûr libre de penser ce que bon lui semble. Mais, quitte à être taxé d’angélisme, j’ai envie de répondre : surtout ne critiquez pas, ne jugez pas, cherchez d’abord à comprendre, demandez-vous « pourquoi ? », « comment réussir à mettre ce trop-plein d’énergie au service de la collectivité ? ». Maintenant, place aux paroles que je remercie Benjamin et SK de m’avoir aidé à décrypter. Dernière précision : la ponctuation et les traductions du verlan et de l’argot qui suivent certains mots du texte sont du blogueur.

MA VILLE (paroles de SK, rappeur anonyme…et qui souhaite le rester)

Ce son c’est pour mes gars d’Oloron Sainte Rima (=Oloron Sainte-Marie)
qui squattent à la balade
gitan reubeu (=arabe) renoi (=noir) céfran (=français)
chercher les clients, un bon fournisseur
certains sans tiep (=pitié) baiseraient même ta sœur
t’es bien si t’assures… tu flippes… faut que t’assumes
la concurrence est là… faut que t’assommes
sur le bitume drogue rime avec sous… trou… jaloux… carna (=arnaque)… lanceba (=balance)… compta… ecsta (=ecstasy)… shit… cocaïne… planque… gars en manque… dèche
à gauche mettre de la fraîche
nique tous ceux qui t’en empêchent
faut qu’on empoche
dans cet univers noir on a la haine comme lampe torche
le sang nous tâche… plus rien qui touche… ça casse des bouches
y’a des histoires louches… t’as le shit la matière… autour de toi y’a pleins de mouches
des embrouilles pour des feumeux (femmes) qui aiment trop la queue
l’ANPE… les colis alimentaires… Oloron Prévention et ses éducateurs… la MJC… Sègues… la résidence du Soleil
l’alcool tue verre après verre niks moi j’picole a la bouteille
ouais y’a des poivrots de bar… des ex taulards… des excités du bocal… de la locale qui t’déchirent le crâne… des meufs qui te font la totale… des gosses eus tôt… de la précocité… les montagnes… la campagne… des vaches… des lâches… des coups de shlass (=couteau)… des crash en bagnole
à cause de l’alcool… des schmits… apprends à conduire dans les petits chemins… marche à l’instinct
on veut tout sur l’instant y’a pas de temps à perdre ou c’est les autres qui se servent
y’en a qui se sauvent… d’autres qui savent… qui sautent… qui s’arment… qui versent des larmes à l’intérieur
y’en a qui donnent leur postérieur… d’autres qui cherchent la postérité… la vérité… le respect… l’amitié… surtout une femme pour se barrer
y’en a qui pensent qu’à se taper… fourrer… se bourrer… aux lovés… au joint qu’il va fumer en se levant
ici c’est le coin des racistes et du rugby… des fêtes de village… ça se tape nerveux… ça règle les comptes… mon vieux toujours des gens que t’as pas envie de voir
des gosses dehors qui devraient être sur leurs devoirs
des gars qui ont envie de niquer la terre tout entière
d’autres qui noient leurs vie dans des litres et des litres de bières
des fiers… des forts… des faibles… des plans infaillibles…
des gars pris pour cible… pour être plus précis des victimes
c’est ça la vie que t’aimes ?
tu t’y sens mieux que dans ce système qui te traite comme une chienne… un chien…
un mouton écœuré écorché vif s’accroche à la vie
d’autres ont envie que ce soit fini
certains finissent fanés… épuisés… dépassés… délaissés
d’autres en train d’encaisser les coups durs
certains font le coup du passe-moi les sous je vais chercher ça… attends-moi là
d’autres l’esprit emmêlé ne savent plus où aller
d’autres n’arrêtent pas de chialer et se plaindre alors que dans la merde on est plein et qu’il faut vaincre pour régler ça
faut ce qui faut zinc une grosse paire de couille
ici on se forme une coquille… une carapace
attend souvent que les galères passent
certains font face y’en a beaucoup trop qui se relâchent
y’a des skateurs… des tecno man.. des roots man pour qui ça va pas dans la vie malgré que ce soit des fils de cheri (=riche)
y’a des vrais amis comme Bebel le rebelle… trop soif d’oseille… le seba et les Gova (=voitures)… les potes du foot… Jo Buzard et le reste
dédicace à Bobby pour l’instru qui tue… à mes gars d’la rue… à mes rats du soleil… tous ceux de Sègues… aux gitans… à tous les reubeu de Adil à Redouanne… au 2Pac (=nom d’un rappeur) plan… à Estivade c’est la balade… à tous mes ennemis coucou j’suis toujours ici
cacededi (=dédicace) aux anciens… au Canyon… à l’ancienne… aux chiennes que j’ai ken (=niqué)… aux gars qui rêvent de braquer une banque une brinks zépo (=posé)… refait le monde à sa sauce.. avec ses sauss (=amis)… Oloron… ses suicidés… ses condés (=policiers)
ici c’est muerte… mort… rien à faire sauf si t’aimes grave la nature et la terre… sortir en Espagne pour du matos (=matière) belek (=attention) à la frontière
chez les putes y’a de l’adultère… des gars qui feraient mieux de se taire qu’d’allers-retours au chtar (=prison)… des barres de rire… des bons délire… dans l’assiette pâtes ou riz tu choisis… des parents qui se font du soucis pour la jeunesse d’aujourd’hui
y’a des histoires terribles… d’autres qui retournent le bide
d’autres qui croient en la Bible… au Coran
d’autres qui pensent que tu prends et que tu te barres en courant
d’autres qui prennent la vie en souriant… d’autres croient qu’en eux
d’autres donnent leur main à Satan… ils savent pas ce qui les attend
y’a des sorties au Club où y’a que des gamines qui veulent de la teub (=bite)
des sorties à Pau où tu te fais refouler t’as pas de pot… où ça part en brouillon… où y’a des meufs qui font que d’te chauffer… où tu peux pecho (=séduire) des bebons (=filles très belles)
ici tes fréquentations dépendront de ton teint… d’où tu viens… si tes parents sont connus bien ou pas… qu’est-ce qu’ils font comme vailletra (=travail)
y’a des yeux vitreux… des mecs foncede (=défoncés) à la beu (=cannabis)
tape des missions dans les jardins… les bois
laisse un petit mot… merci de m’avoir fait pousser ça… je te laisse un petit joint pour que tu la goûtes
ensuite blinde la voiture et fais la route
c’est la routine de fin septembre
comme les perquises entre octobre et novembre
y’a le jardin public avec ses clochards zonards bourrés
le pont des suicidés… saute si tu veux y rester
y’a des PES (=jeux vidéo de foot) enflammés où tu te croirais dans le stade où à un stade des potes seraient prêt à se taper où y’a de l’argent misé
ici y’a des champs des champignons hallucinogènes… des vieux plus que des jeunes
des carcasses dans le gave
des mecs ouf (=fou) au volant d’une gove (voiture)
des paranos… des parrainés par un gars qui pèse
tu le touches… je te baise
ça boit des 16… parle de Suisse et d’Hollande
certains fuient leurs douleurs… leur couleur… préfèrent se tuer plutôt que d’élever leur enfant qui était pas voulu
y’a des voleurs de bagnole… de scooter… des cambrioleurs… repère ça revient à la bonne heure

ouais y’a du bonheur… du malheur
un malaise
des gars qui se sentent trop à l’aise
laisse ici c’est comme partout
mon texte parti pour rendre hommage à ceux de chez nous
décrire notre vie
montrer qu’on est dans la partie
et te souhaiter la bienvenue à Oloron Ste Marie.

11 commentaires sur « « Ma Ville », le morceau de rap à la gloire (?) d’Oloron SainteRima (chronique « demandez les paroles ») »

  1. C’est malheureusement une partie de la vie cachée d’Oloron depuis bien plus que 10 ans , je dirais même 30 années facile…(j’étais jeune..)
    Il est vrai que la majorité des rappeurs dépeignent tout en noir, c’est ce qui attire leur auditeurs et c’est bien dommage, car ceci auront toujours du mal à voir percer l’espoir ou la possibilité du changement, entretiendront une forme de révolte et de haine…
    Par contre, bravo à Benjamin pour son travail solo, ses enregistrement, c’est un super boulot : Celui d’un passionné !

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  2. Il a quel age le « rebelle » ? Se la jouer caillera schnouf , luc et condés à oloron sainte marie Pyrénées atlantiques France , franchement….Il y a des murs à redresser, des monuments à sauver, des gens à aider..et le soir on s’endort du sommeil du juste sans avoir besoin de la pipe à eau

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  3. Je crois que vous ne mesurez pas l’ampleur du désastre et que vous vivez sur une planète, que dis-je, dans un univers parallèle où l’on ne manque de rien, où la sacro-sainte famille en or n’est pas dans le jugement mais la bienveillance, où un avenir radieux plein d’emploi et sans corruption s’offre à vous, où la population béate ne manque de rien, où les gros mots n’existent pas, où la générosité fait loi, où il n’y a ni misère financière, intellectuelle ou affective, bref, un joli monde de bisounours…….Hypocrites!
    Comme vous êtes les champions des chiffres et des lois, regardez donc les chiffres de l’INSEE du dernier recensement et tirez-en les bonnes leçons. La moitié de la population est dans la merde et quand on patauge dedans du matin au soir, sous le regard méprisant des « autres », on s’en fout des monuments à sauver et des mûrs à redresser! On bataille déjà pour sa propre survie et, ensuite, pour celle de notre famille choisie (et oui, la solidarité familiale c’est quand on a une famille).
    Et puis, comment retrouver de la dignité quand les instances caritatives de la ville font tout pour que l’on ne puisse surtout pas sortir la tête du sac, sauf en obéissant aveuglément aux instances supérieures qui ne font que travailler pour leur propre gloriole ou ne tendent la main qu’aux plus « méritants » ?
    Faites le tour de la ville en dehors de vos « entre-soi » habituels, vous risquez d’être surpris par vos découvertes. Quand au couplet sur les femmes, je vous conseille d’écouter attentivement ce que raconte les rugbymen (dans les vestiaires ou lors des 3ème mi-temps) et vous serez édifier sur l’image autrement plus dégradante de la femme que dégage ces gars-là, cautionnés par la majorité.
    Vous avez tous beaucoup de chance d’être à l’abri du besoin, cela vous permet de vous projeter dans l’avenir!
    Désolée de ne vivre que dans le présent et au jour le jour, nos moyens ne nous permettent pas autre chose, comme beaucoup, ici.
    D’ailleurs, ceux qui ont l’air de s’en sortir le mieux sont ceux qui vivent à crédit et bien au-dessus de leurs moyens, non?
    Jolie chanson!

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    1. Qu’est ce qui vous fait dire ça ? Alors allons-y! d’abord vu mes revenus je suis loin de faire partie, mais alors très loin de la caste des riches ( j’aurais pu mais justement j’avais une conception de la vie qui m’a fait renoncer à l’argent. Pour ce qui est de la drogue je sais de quoi je parle ayant eu un gosse qui y a touché ( à Cheraute mais chut…) et notre combat a été d’en savoir plus et d’y mettre fin et pas de se complaire dans la victimisation..la société..blabla…tout le monde il est méchant.Je pensais à aller faire le ménage sur place me renseignant sur ces salo*****….pourvoyeurs de mort.

      Pour ce qui est des murs j’ai connu justement un gars qui aide les gueules cassées, alcolos…. en leur faisant refaire des murs en pierres sèches( voir en dessous). Travail apparemment anodin mais qui met le gars en difficulté devant des regles qui peuvent être celles d’une société ( choix des pierres, rectitude, fil à à plomb, équerrage, prise de recul et surtout! surtout la joie d’avoir enfin réalisé quelque chose alors qu’on était une loque Si vous saviez la joie et le bonheur de sortir un mur d’un tas de cailloux informe et ne valant rien..C’est aussi se reconstruire soi-même. Il existe ainsi des chantiers un peu partout avec des maitres de stage

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    2. Journée de la femme oblige : tous les rugbymen ne parlent pas des femmes avec des propos dégradants, tous les rappeurs ne parlent pas des femmes avec des propos dégradants… On s’en fiche de qui parle, ce sont les propos qui comptent, les paroles qui restent…

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  4. je vois pas beaucoup d étranger sur la photo mais bonne initiative malgré que 1 mur c du boulot pour 1 mois a ce train la c versaille qu il faut reconstruire bonne soirée a votre bon cœur messieurs dames

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    1. Il manquait cet argument! Ah ah ah…..Il y aurait des étrangers que quelqu’un se lèverait pour dire qu’on les exploite….Toujours cette repentance franco-française saoulante. Et qui vous dit qu’il n’y en a a pas? La couleur de peau ? étonnant…

      Vous oubliez « peuple du monde » que la même chose existe pour les prisonniers en fin de peine et ils sont souvent d’origine immigrée. Des cabanes de berger ont été ainsi restaurées. Car il y a les cailloux mais aussi l’ardoise.et .là vous y ajoutez la symbolique du toit protecteur.

      Il est certain que l’on peut toujours lire « le capital » ou des livres philosophiques à quelqu’un qui se noie et lui dire que c’est la faute au fleuve je ne suis pas sûr que cela le ramènera sur la berge parmi les vivants.Ni lui promettre une barrette de shit « libératrice » d’ailleurs…

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  5. Ce matin, on a tapoté à la porte de ma chambre-bureau, au 101 rue de l’Université.
    J’étais encore au lit, je n’ai pas réagi.

    La porte s’est ouverte, j’ai grogné un “Je suis là”, et la porte s’est refermée avec un “Oh, pardon !”

    Comme j’étais réveillé, je suis descendu au petit déjeuner.

    Quand je suis remonté, les tapis de douche ne trainaient plus dans la salle de bain, la cuvette des toilettes était récurée, les serviettes changées, les poubelles vidées.

    Le même miracle se reproduit tous les jours.
    Ce n’est pas l’œuvre d’une fée, non, mais de femmes.

    J’ai échangé avec elles, rapidement, dans les couloirs.
    Elles arrivent à 6 h, elles repartent à 10 h.
    Assez tôt pour ne pas déranger le travail des députés.
    Du lundi au vendredi, ça leur fait une vingtaine d’heures par semaine.
    A raison de 9 € de l’heure, leur paie s’élève à 600 € et quelques par mois.

    Bénéficient-elles de tickets-restau ? Non.
    Sont-elles un treizième mois ? Non.
    Des primes de panier ? De salissure ? Non.
    Seulement 50 % de réduction sur le pass Navigo.
    Et tant mieux, parce qu’elles ont une petite heure de transport à l’aller, et autant au retour.

    Ce pupitre ciré, ici, c’est elles.
    Les cuivres lustrés, c’est encore elles.
    Les marbres luisants, c’est toujours elles.
    Elles sont partout et pourtant, elles sont absentes.
    C’est le propre de la propreté : elle ne laisse pas de traces.
    Leur travail est invisible.
    D’autant qu’on s’applique à les rendre, elles aussi, invisibles.

    Elles viennent ici tôt le matin, je l’ai dit, en horaires décalés.
    Pour nous éviter de les croiser.
    Et peut-être pour nous épargner la honte.
    Car comment n’aurions-nous pas honte ?
    Honte de ce fossé ?
    Sous le même toit, dans la même maison, elles sont payées dix fois moins, avec toutes des temps partiels contraints, toutes sous le salaire minimum, toutes sous le seuil de pauvreté.

    Notre Parlement, plein de raisonnements et de bons sentiments, s’accommode de cette injustice de proximité.
    Je mentionne ça, parce que c’est sous nos pieds, sous notre nez.

    Je le mentionne, également, parce que c’est à l’image de la France.
    Toutes les entreprises, toutes les institutions, les universités, les régions, les lycées maintenant, les collèges, les hôpitaux, les gares “externalisent” leur entretien. ça fait moderne, “externalisé”.

    Ca fait des économies, surtout.
    Ca signifie que, silencieusement, au fil des décennies, à travers le pays, des milliers de femmes, à vrai dire des centaines de milliers de femmes, ont été poussées vers la précarité, vers des horaires coupés, vers des paies au rabais.

    Je le mentionne, enfin, parce que ça vaut pour le ménage, mais au-delà aussi.
    Ca marche pareil pour les AVS, auxiliaires de vie sociale et auxiliaires de vie scolaire, pour les assistantes maternelles, pour les emplois à domicile en tous genres. Pour toutes celles, des femmes le plus souvent, pour toutes celles qui s’occupent de nos enfants, des personnes âgées ou handicapées.

    Quand ce travail n’est pas tout simplement gratuit, compté pour zéro dans un PIB aveugle.

    J’entends volontiers parler, dans cet hémicycle et ailleurs, d’une “société de service”, et chaque fois ça nous est vanté avec gourmandise, comme une promesse de bonheur.

    Forcément, nous sommes du côté des servis.
    Servis ici, à l’Assemblée, et aux petits oignons.
    Servis dans les hôtels.
    Servis dans les supérettes.
    Servis jusque chez nous par des nounous.
    Méfions-nous.
    Méfions que cette société de service ne soit pas une société de servitude, avec le retour des serfs et des servantes, des bonniches, mais sous un nouveau visage, sous un autre nom, plus moderne, plus acceptable,
    et qui nous laisse à nous, la conscience en paix.

    Avec, en prime, en plus de la chemise repassée, de la moquette aspirée, des Chèques Emploi Service défiscalisés.

    Notre confort est assis sur cette main d’œuvre bon marché.

    Alors, depuis cette semaine, l’ambition présidentielle est partout martelée : à travail égal, salaire égal.
    Fort bien.
    Mais ça ne suffit pas.
    Vous devez, nous devons, revaloriser les métiers largement occupés par des femmes.
    Leur bâtir de réels statuts.
    Leur garantir des revenus.

    D’autant qu’ils sont, bien souvent, les plus utiles.

    Virez les publicitaires.
    Virez les traders.
    Virez les nuisibles.

    Mais payez comme il faut les aide soignantes, les infirmières, les auxiliaires de puériculture.

    Avant de légiférer pour le pays, qu’on me permette de démarrer plus petit.
    Par ici.
    Par la poutre que nous avons dans notre oeil.
    Puisque se mène, nous dit-on, une grande réforme de notre Assemblée, qu’on ne les néglige pas, ces femmes de ménage.
    Qu’on les intègre au personnel.
    Qu’elles bénéficient de temps complets, et de primes, et de treizième mois.
    Qu’elles ne touchent pas, sans doute, nos salaires de parlementaires. Oublions l’égalité, mais qu’elles gagnent un revenu décent, digne d’elles et digne de nous.
    Qu’elles passent au-dessus du Smic et du seuil de pauvreté.

    Monsieur le Ministre, madame la rapporteur, mes chers collègues, j’espère vraiment que, pour une fois, mon voeu sera exaucé.

    Je compte sur vous.

    Ou alors, je vois une autre option.
    Dans Les Côtelettes, de Bertrand Blier, on demande :
    “Vous savez à quoi on reconnaît un riche ?
    C’est quelqu’un qui ne nettoie pas ses toilettes lui-même.”
    Une alternative, alors, c’est que les députés et leurs équipes nettoient leurs toilettes eux-mêmes.
    Et qu’avec une telle mesure, cette tâche ne soit plus attachée à un genre.
    Que l’on compte parmi nous des hommes de ménage et des hommes pipi. – avec Koulay Ratsaphoumy.

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  6. Koulay Ratsaphoumy est laotienne..20 heures par semaine 600 euros par mois.Corvéable à merci.Ma belle mère était comme elle ménagere depuis l’age de 14 ans et ensuite souvent pas déclarée sa salle de bains était transformée en atelier de couture à faire des bleus de travail…Mais qui est pour? Ceux qui les exploitent! mais qui sont-ils ceux là ?

    « NOTRE confort est assis sur cette main d’œuvre bon marché » Ah bon notre confort ? ou celui de ceux qui les emploient. En quoi sommes nous responsables ( repentance) ? Qui est pour ce turn over concurrentiel des travailleurs à travers le monde devenant de fait nomades et apatrides, sans racines?Les travailleurs d’ici ? que nenni!..Ne me dites qu’il y aurait une connivence de circonstances entre les rêveurs et les profiteurs ?

    Il n’ y a pas un peuple du monde ( ça serait super chouette, on se ferait tous des bisous tout partout ainsi que des amabilités du genre « je vous en prie après vous! Mais faites donc allez y! je n’en ferais rien!) mais des peuples du monde. Il faut faire avec. pour le meilleur et parfois le pire.

    J’adore, bien que n’étant pas fan de rap, le dernier mc solaar..

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