Affaire des notes de frais : quand le maire reconnaît de faux frais kilométriques


Le 5 septembre dernier, le maire d’Oloron était l’invité de la rédaction de France Bleu Béarn. Celles et ceux auxquels ce grand moment de vérité aurait échappé pourront trouver la transcription intégrale de cette interview à la fin du présent billet. Comme Oloronblog était en sommeil lorsqu’elle a été mise en ligne sur le site internet de la radio, je commente cette interview seulement aujourd’hui.

Même si le journaliste n’y a pas consacré l’intégralité de ses questions, l’affaire des notes de frais est bien entendu venue sur le tapis. Et le maire d’expliquer benoitement qu’il avait transformé certaines de ses dépenses en frais kilométriques. Des faux frais kilométriques, donc. Et d’ajouter qu’il s’agissait là d’une « pratique courante dans toutes les mairies du département ». Et d’enfoncer le clou dans l’espoir peut-être de calmer l’ardeur de son opposition municipale : « Ça a toujours été fait, y compris par mes prédécesseurs ». Quand bien même ce serait le cas (ce qui reste à prouver), en quoi cela serait-il une excuse ?

Je puis témoigner qu’en plus de 30 ans de vie professionnelle au sein de collectivités locales, je n’ai pas vu un seul élu se livrer à ce genre de pratique. Pour une raison toute simple : tous les frais engagés par un élu dans l’exercice de ses fonctions sont couverts soit par son indemnité de fonction (elle s’élève tout de même à près de 3 000 € brut par mois pour le maire d’Oloron), soit à la suite d’une décision du conseil municipal lorsqu’il s’agit de frais engagés à l’occasion d’une mission spéciale. Nul besoin donc d’aller bricoler des faux pour se faire rembourser ses faux frais. Il suffit de recourir à une procédure légale qui permet de régler la question en toute transparence. À l’évidence, ce n’est pas le cas ici, et l’on est curieux de connaître la nature de ces faux frais qui n’auraient pu être remboursés par le canal d’une procédure régulière.

Les détails apportés par le maire méritent deux autres rectifications :

  • les sommes en jeu se monteraient selon lui à 3 000 € sur 3 ans. Pour le coup, il est trop modeste. Car, même si je ne prétends pas qu’ils correspondent tous à des faux, ses frais de déplacement se sont élevés à plus de 13 000 € pour la seule année 2016
  • il réfute la possibilité qu’il y ait pu y avoir deux voyages remboursés le même jour. Les preuves qui ont été apportées par Oloronblog dans le cadre d’autres articles publiés ici démontrent le contraire. De toute façon, quelle importance à ce qu’il y ait eu un ou plusieurs voyages à la même date… puisqu’il a admis qu’ils n’avaient pas existé ?

Cette interview devrait grandement faciliter le travail de la Chambre régionale des comptes qui, parait-il, est en train d’éplucher en ce moment ligne par ligne la comptabilité de la commune et d’exiger, côté mairie comme côté trésorerie, une liste impressionnante d’explications et justifications. Il reste à souhaiter que les observations de la Cour seront portées à la connaissance du conseil municipal et des citoyens avant le vote du prochain budget.

Transcription intégrale de l’interview d’Hervé Lucbéreilh le 5 septembre 2017 sur France Bleu Béarn

 Journaliste : notre invité ce matin sur France Bleu Béarn, Hervé Lucbéreilh, le maire d’Oloron

Journaliste : le maire d’Oloron et candidat à l’être à nouveau en 2020. Merci d’être avec nous ce matin, Hervé Lucbéreilh. Est-ce que cette candidature qu’on pourrait qualifier de précoce a à voir avec l’affaire des notes de frais? Est-ce que vous voulez ainsi décourager vos détracteurs, Hervé Lucbéreilh ?

Hervé Lucbéreilh :  non je ne veux pas décourager mes détracteurs puisque vous parlez de ce qu’on appelle de manière un peu importante l’affaire des notes de frais, qui parle de 3 000 € sur 3 ans, vous voyez donc l’importance est en fait issu du harcèlement d’une personne qui depuis 3 ans sur un blog s’attaque quotidiennement à toutes les actions que je mène. Qu’elles concernent le domaine de l’éducation, de l’aménagement du territoire, les frais ou et cetera, c’est constamment que je suis donc agressé.

Journaliste : donc vous voulez aujourd’hui attaquer Joël Adam et Oloronblog en justice ?

Hervé Lucbéreilh : non, pas tout à fait. Moi je suis un démocrate qui pense que l’opposition a parfaitement le droit de s’exprimer et de marquer ses désaccords et c’est pour ça que pendant 3 ans je n’ai effectivement pas répondu. Mais lorsque à un moment donné il apparaît que les attaques deviennent trop systématiques, qu’elles sont à la fois un harcèlement personnel dans l’objectif de me faire tomber dans un burn-out comme j’avais eu il y a quelques années ou politique c’est-à-dire m’affaiblir au point de ne pas pouvoir me présenter,  j’affirme tout simplement et tout à fait sereinement que je serai effectivement candidat avec donc l’équipe que je constituerai le moment venu aux prochaines élections municipales et que ce harcèlement-là ne réussira pas à m’en dissuader. Par contre, je veux dire que sur le fond j’entends m’expliquer auprès de la Chambre régionale des comptes qui me le demande, sur la totalité de ce qui est demandé et je peux vous dire qu’à ce jour l’ensemble des factures correspondantes est réuni et sera fourni tout simplement à la Chambre qui dira ce qu’elle en pense.

Journaliste : et comment vous comptez justement vous défendre et vous justifier sur ces déplacements

Hervé Lucbéreilh : mais je ne vais pas me défendre et me justifier auprès de vous, je le fais auprès de la Chambre régionale des comptes à qui j’explique, c’est une pratique courante dans toutes les mairies du département, que de transformer certaines dépenses en frais kilométriques. Ça a toujours été fait y compris par mes prédécesseurs et c’est la même chose aujourd’hui.

Journaliste : et donc d’avoir deux voyages sur une même date, être à Paris et à Saint-Gaudens le même jour…

Hervé Lucbéreilh : il n’y a pas deux voyages et vous le verrez. Je ne peux pas vous donner les donner le détail que je réserve, et c’est normal, à la chambre régionale des comptes et vous verrez qu’il n’y a aucun doublon de voyage

Journaliste : alors vous êtes à nouveau candidat en 2020. Vous parliez de votre burn-out, de cette fatigue passagère qui vous a éloigné des affaires de la commune aussi cette année. Est-ce que c’est à cause justement de ces détracteurs et de ce que vous appelez du harcèlement ?

Hervé Lucbéreilh : pardon de vous dire que vous n’allez pas rentrer vous aussi dans le même jeu qui consiste à mêler ma vie personnelle, ma santé, ma vie privée et ma vie publique. Une seule chose m’intéresse et c’est ce pour quoi j’ai été élu, c’est assurer le développement de la ville d’Oloron Sainte-Marie, ce n’est pas passer mon temps à regarder tous les détails du fonctionnement qui est le mien. C’est simplement me dire qu’aujourd’hui j’ai une rentrée scolaire avec des élèves qui ont besoin d’avoir des bâtiments qui sont en état et d’avoir des classes qui aient les effectifs nécessaires. J’ai des tribunes du stade qui sont à reconstruire. J’ai le désenclavement de la ville qui est à faire avancer. J’ai la maternité qui est à sauver. Et cetera et cetera. Pardon de vous dire que c’est…

Journaliste : la question que peut se poser, pardonnez-moi Hervé Lucbéreilh, que peuvent se poser aussi les Oloronais, c’est vous annoncez une nouvelle candidature, est-ce que vous êtes en capacité d’être maire pendant 6 années de plus ?

Hervé Lucbéreilh : est-ce que vous avez l’impression mais est-ce que vous avez l’impression en me voyant là à l’instant que je ne suis pas en capacité d’être maire ?

Journaliste : j’ai l’impression que vous êtes en capacité d’être notre invité en tout cas nous ce matin Hervé Lucbéreilh. La maternité. Elle est sauvée ? C’est sûr ?

Hervé Lucbéreilh : c’est sûr, non. Ce qui est certain, c’est lorsque l’ARS nous dit que “si vous avez les médecins nécessaires, la maternité sera maintenue”, je dis et je dirai vendredi après-midi au directeur de l’ARS : “j’ai les médecins nécessaires. J’ai les gynécologues et j’ai les pédiatres”

Journaliste : et c’est signé ?

Hervé Lucbéreilh : pour signer des contrats de travail vous admettrez assez facilement qu’il faut quand même que les médecins aient une visibilité sur le maintien de la maternité. Donc le directeur de l’ARS m’avait dit : “Aide-toi, le ciel t’aidera”. Et bien je me suis aidé puisqu’avec monsieur Bareille et quelques autres nous avons trouvé les médecins nécessaires. Maintenant “le ciel t’aidera,” c’est à monsieur Laforcade de nous aider et de dire “si vous avez les médecins et si dans les 15 jours, 3 semaines ou 1 mois les contrats de travail sont signés, la maternité est maintenue”.

Journaliste : donc vous dites “j’ai fait ma part du boulot” ?

Hervé Lucbéreilh :  j’ai fait ma part du boulot et maintenant c’est aux pouvoirs publics d’aller au bout.

Journaliste : alors, vous l’évoquiez à l’instant, la tribune du stade Saint-Pée. On en est où aujourd’hui ? Fin juillet, vous attendiez les résultats d’une étude pour savoir si on rasait tout ou si on gardait un petit bout. On en est où ?

Hervé Lucbéreilh : donc les résultats nous sommes parvenus. C’est le CEBTP qui a remis un rapport de 40 pages duquel il ressort rapidement qu’en fait on n’a plus besoin de démolir la totalité des tribunes mais qu’on peut les réhabiliter. Nous avons donc adopté, nous allons adopter plus exactement un calendrier qui est celui de choisir un maître d’œuvre d’ici la fin du mois. Ce maître d’œuvre va travailler, préparer un projet. À partir de là nous allons lancer des appels d’offres et normalement le conseil municipal devrait en mars 2018, donc dans 5 mois 6 mois prendre une décision et décider de transformer donc, ou plutôt de réhabiliter ces tribunes. À partir de là donc le chantier sera lancé et l’on peut estimer qu’à l’été 2019 au plus tard la tribune sera reconstruite.

Journaliste : donc on fait une tribune rénovée. Vous avez d’autres projets pour le stade Saint-Pée ?

Hervé Lucbéreilh :  c’est difficile de dire si on a d’autres projets tant qu’on ne sait pas combien ça coûte. Parce qu’il va quand même falloir 1/ avoir un chiffrage et 2/ renégocier avec les assurances et donc voir….

Journaliste : mais vous comptiez beaucoup sur les assurances ?

Hervé Lucbéreilh : donc nous comptons beaucoup sur les assurances et nous pensons que le fait de rénover plutôt que de reconstruire va rendre l’indemnisation on va dire… plus supportable pour les assurances. Donc pour nous c’est plutôt une garantie de bonne indemnisation. Mais c’est à voir.

Journaliste : dans cette tribune il y avait les locaux du club de rugby, il y avait aussi ceux de l’athlétisme

Hervé Lucbéreilh : tout à fait

Journaliste : il y aura une piste d’athlétisme un jour autour de ce stade, une vraie piste ?

Hervé Lucbéreilh : alors la vraie piste ça coûte 800 000 €. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’aujourd’hui il y a un gel de toutes les participations au niveau de l’État, 300 millions d’euros au niveau national. Donc les subventions sont loin d’être acquises. J’ai envie de dire qu’on va faire les choses un petit peu dans l’ordre. Dans l’ordre déjà, c’est rénover la tribune, la refaire, et puis ensuite effectivement se poser d’autres questions et notamment une restructuration générale du stade.

Journaliste : merci beaucoup Hervé Lucbéreilh d’avoir été notre invité ce matin sur France Bleu Béarn

Hervé Lucbéreilh :  merci à vous

Rappel : dans l’onglet « Dossiers » situé en tête de la présente page, il y a un sous-dossier « Affaire des frais de mission » qui permet d’accéder à tous les articles consacrés à ce sujet par Oloronblog

3 commentaires sur « Affaire des notes de frais : quand le maire reconnaît de faux frais kilométriques »

  1. Bonjour Joel
    Très heureux de ton retour sur la toile. Tu nous as manqué !!!
    On peut pas dire que la presse locale soit à la hauteur, on s est un peu emm….pendant un mois.
    Une idée en passant : HL a été élu sur un programme en 2014. Quelqu’un a t il gardé ce programme pour vérifier son avancée ?
    Cette réflexion m’est venue ce matin en lisant sur la Rep les propos de HL sur l’insécurité a Oloron. Il me semble qu’il y a un décalage avec le diagnostic qu’il faisait en 2014 et les mesures qu’il souhaitait réaliser dès son arrivée.

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    1. Bonjour Churchill,

      Merci de ce message. Très bonne idée que celle de rappeler les promesses de 2014 afin de les mettre en relation avec les réalisations à mi-mandat.Je vais m’atteler à cette tâche

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