Dégradation des passerelles de la Confluence : tout sauf une surprise


DSC08418-1Un arrêté municipal interdit à compter du 16 juin toute circulation sur les passerelles qui enjambent les gaves d’Aspe et d’Ossau en direction du site de la Confluence, lieu d’implantation de la médiathèque. La dégradation des lattes en bois formant le plancher de la structure en est la cause. Il n’est pas question de discuter ici une mesure de sécurité. Mais il n’est pas inintéressant d’apporter, à partir d’une source autorisée (qui n’est bien évidemment pas le blogueur), quelques éléments d’information complémentaires qui permettent de mieux comprendre comment on en est arrivé là.

Phase 1 : deux solutions techniques s’opposent

Avant le lancement effectif de l’opération, à la fin des années 2000, le sens de la pose du platelage bois des passerelles fait l’objet d’une vive discussion entre les « experts » fonctionnaires territoriaux représentant la maîtrise d’ouvrage, l’architecte de la médiathèque, l’architecte des bâtiments de France et le constructeur autrichien des passerelles, Schaffitzel Holzindustrie GmbH + Co.

Les « experts », les « sachants » se prononcent en faveur d’une pose en longueur, plus esthétique dans l’environnement. Le constructeur plaide pour une pose en travers, faisant valoir, par expérience, que la pose en long comporte des risques. Les « experts » et « sachants » l’emportent.

Phase 2 : ça commence à se dégrader

Assez vite, les lames commencent à vriller.  Plusieurs personnes glissent en empruntant les passerelles. Il faut trouver une solution pour y remédier. Après moultes consultations et essais, il est décidé (était-ce au début de l’année 2013, au moment de la venue de la ministre de la Culture, Aurélie Filippeti ?) de dérouler des « tapis » en caoutchouc sur le bois. En parallèle, un contentieux est engagé avec le concepteur, la société RFR Ingénieurs dans le cadre de la garantie.

Il n’est pas inutile de préciser que déjà à l’époque tout le monde savait que la solution « tapis » ne pouvait être que provisoire. Car tout le monde se doutait que sur le long terme, le manque d’aération du bois conjugué à l’humidité aboutirait à un pourrissement du bois. Ce bois, le pin Douglas, est pourtant utilisé dans le monde entier sans problèmes, à condition d’être bien mis en œuvre.

Phase 3 : un de chute

Pendant la procédure contentieuse et les querelles d’experts qui vont avec, l’entreprise RFR Ingénieurs fond les plombs ! Il appartient alors aux assurances de prendre le relais dans le cadre de la garantie « dommages ouvrage ».

Phase 4 : la procédure contentieuse

Elle a été engagée aux alentours de l’automne 2013, soit à quelques mois d’un changement de gouvernance au sein de la commune comme au sein de la CCPO, toutes deux concernées par le problème. Est-ce que le contentieux a été considéré par les nouveaux arrivants comme ne faisant pas partie des priorités ? Est-ce qu’au contraire les batailles d’experts et autres actions juridiques ont suivi leur cours normal ? Toujours est-il que plus de 4 ans se sont écoulés depuis le lancement de la procédure sans qu’elle ne se traduise par rien de concret sur le terrain. Comme quoi, il n’y a pas que le bois qui pourrit. La situation aussi.

En conclusion

Va-t-il falloir attendre le règlement du contentieux avant que les passerelles ne soient réouvertes au public ? Auquel cas le délai risque de se compter en années tant le partage des responsabilités sera sans doute difficile à établir ! Il ne faudrait pas qu’elles deviennent les symboles de l’incurie publique. L’intérêt qu’elles présentent sur le plan touristique (le point de vue que l’on a sur le gave d’Ossau et sur le pont de la rue Justice depuis l’une d’entre elle est tout simplement remarquable) n’est pas non plus à négliger.

Au final, il est à craindre que commune d’Oloron et communauté de communes (chacune est propriétaire d’une passerelle), c’est-à-dire les contribuables que nous sommes, fassent les frais de l’opération.

Mais comme à toute chose malheur est bon, nos élus n’auraient-ils pas là une occasion de s’interroger sur le sort à réserver à un site magnifique, la Confluence, dont l’aménagement a quelque chose d’inachevé, pris en étau entre friche industrielle et œuvre d’art (la médiathèque) ? Le conseil municipal du 30 juin pourrait-il être le lieu d’un débat à la fois sur le problème immédiat des passerelles, mais aussi sur le lancement d’une réflexion plus large sur l’urbanisme de la zone ?

10 commentaires sur « Dégradation des passerelles de la Confluence : tout sauf une surprise »

  1. En effet, sans aucun doute l’opportunité unique de revoir la copie et faire de ce quartier le lieu de vie qu’il devrait être. Le parvis, les berges des Gaves, le promontoire côté Laulhère sont des lieux magnifiques qui appellent la vie…

    J'aime

      1. je n’en sais rien répondant d’une façon générale sur des projets « tape à l’oeil » repoussant les limites de la physique ( contraintes,dilatation des matériaux) entrainant un coût d’entretien colossal. cela vieillit mal…
        Il était évident que dans un milieu humide on ne mets pas un plancher avec des lames disposées dans le sens de circulation. pour le coup la ligne de fuite vous l’avez…mais par terre
        « c’est pas cher ya des subventions. »..( j’ai en tête un projet farfelu dans une commune proche d’Oloron en écrivant cela)

        J'aime

  2. Cela servira d’ expérience à nos amis Aspois, eux aussi en mal de passerelle, mais à 160 m au dessus du torrent. A ce moment là la chute sera vertigineuse.
    Une fois de plus quand les inexperts dans un projet gagnent, les problèmes ne sont pas loin. L’ esthétique est une chose, le fonctionnel autre chose.
    Dans le même esprit, mais à une dimension supérieure, voir actuellement le problème de l’ avion A400M. Les politiques ont voulu un avion multi services, à
    l’ encontre du fabricant, qui lui proposait des versions spécifiques à chaque mission. Résultat, c’ est un gouffre, dont plus personne ne veut, mais surtout plus personne ne veut assumer les responsabilités et ne veut payer les surcoûts qui en découlent .
    Cela fait courir des risques énormes à Airbus à fonds perdus, que les contribuables Européens devront payer. A chacun son métier les vaches seront bien gardées …..

    Aimé par 1 personne

    1. A400M : pas grave pour certains contribuables « européens oloronais » qui fabriquent tout ou partie des trains d’atterrissages de cet avion !!

      J'aime

      1. Je ne vois pas en quoi il est très honorable de devoir travailler plus à fond perdu,
        même localement, pour devoir payer les incompétences notoires de certains.

        J'aime

  3. citation :
     » Le constructeur plaide pour une pose en travers, faisant valoir, par expérience, que la pose en long comporte des risques. »
    Quand on parcourt les photos du site du constructeur (lien IP fourni par rd918), on constate que toutes les passerelles visibles avec une chaussée bois ont le platelage posé en travers, aucun ne l’a en long…….sauf Oloron !!
    Je connais une sous-préfecture du sud-ouest ayant une imposante ( et plus toute jeune) passerelle « piétons » dont les lattes bois sont posées en travers…même si on imagine qu’une pose en long aurait eu une autre allure !!

    Aimé par 1 personne

Les commentaires sont fermés.