L’opacité de l’information illustrée par l’exemple


Pas de vraie démocratie locale sans transparence. Lorsqu’il élit un conseiller municipal, un conseiller départemental ou régional, un député, un président, le citoyen ne lui signe pas un chèque en blanc pour la durée de son mandat. Cet élu doit savoir qu’il a des comptes à rendre durant tout ce mandat. Mais, de son côté, le citoyen ne doit pas hésiter à réclamer ces comptes s’ils mettent du temps à venir.

Ce n’est un secret pour personne, la transparence dans la gestion municipale n’est pas inscrite dans les gènes des conseillers, des adjoints et du maire. Et ce, dans la plupart de nos villes petites, moyennes ou grandes. Les élus prennent quasiment pour une remise en cause de leur travail la moindre question portant sur l’opportunité de telle ou telle de leurs décisions. Il existe heureusement des dispositifs qui les « contraignent » légalement à faire œuvre de communication auprès de leurs administrés. Mais s’ils peuvent trouver le moyen de s’exonérer de leurs obligations en la matière, certains ne se gênent pas.

Voici trois faits qui démontrent que l’information n’est pas chez nous, à Oloron, une préoccupation majeure de nos édiles :

Premier exemple : le refus d’informer

Comme la loi m’y autorise, j’ai demandé au maire communication de quelques documents comptables complémentaires. Je souhaite en effet savoir et faire savoir quels types de dépenses ont été effectuées par la commune au titre des « achats de prestations de service ». Une ligne budgétaire à l’appellation un peu vague qui représentait tout de même 490 000 € dans le budget 2016 de la commune. Alors que jusqu’à présent toutes mes demandes de cette nature avaient été satisfaites, aucune réponse au bout d’un mois. Ce qui m’a contraint à saisir la Commission d’accès aux documents administratifs. Qui avant un mois déclarera que ces documents me sont communicables. Mais le maire, tel un Alain Rousset refusant de communiquer une étude sur la Oloron-Bedous au Croc, s’obstinera vraisemblablement à m’en refuser l’accès. Me contraignant à en appeler au jugement du Tribunal administratif. Quand on veut par tous les moyens empêcher un citoyen d’accéder à ce à quoi il a droit, n’est-ce pas parce qu’on a quelque chose à cacher ?

Deuxième exemple : l’information hermétique

La loi fait désormais obligation aux communes de publier à l’adresse de leurs administrés un certain nombre d’informations budgétaires. La mairie d’Oloron vient de s’y soumettre. Mais je souhaite bien du plaisir à ceux qui voudraient, à travers les documents publiés, savoir quelles sont les opérations d’investissement inscrites au budget communal de cette année. L’extrait ci-dessous montre comment elles nous sont présentées :

Dépenses d'équipement

Nous y apprenons ainsi que le conseil municipal a voté un crédit de 120 000 € pour « l’opération d’équipement n° 102 », 50 000 € pour « l’opération d’équipement n°10601 » etc. (il y a comme ça 79). Et rien, dans de le document d’information publié sur le site internet de la ville ne nous donne en clair l’intitulé de ces opérations. S’agissant d’un document destiné au grand public, n’eut-il pas été de bon ton d’adopter une présentation plus accessible au commun des mortels ? Mais probablement que moins ils en savent, mieux ceux qui nous gouvernent se portent.

Dernier exemple : l’absence d’information

Où l’on reparle des cessions immobilières. Après celle de septembre 2014, la commune vient de publier une seconde plaquette présentant les immeubles et terrains dont la commune est propriétaire et dont elle entend se séparer. Première question : même s’il ne s’agit pas d’une condition préalable obligatoire, le conseil municipal a-t-il été associé à la désignation des propriété communales dont la vente est envisagée ? Bien sûr que non. Dommage : les conseillers municipaux auraient peut-être pu faire valoir des propositions plus profitables aux intérêts de la commune. Seconde question : pourquoi de nombreux immeubles importants qui figuraient dans la plaquette de 2014 (la maison Combellas, le PGHM, la maison Capdau, l’ancienne DDE etc.) ne sont-ils plus sur la plaquette 2017 alors qu’ils n’ont pourtant pas été vendus entre temps ? Parce qu’aucune réflexion n’a présidé à l’élaboration de ces listes qui ont été dressées au hasard ? Pour d’autres raisons ? Il serait tout de même intéressant que les Oloronais qui, après tout, sont propriétaires de ces bâtiments, soient informés.

On sait que notre ville se dit à la pointe dans bien des domaines : le numérique, le développement durable entre autres. Mais, même si elle se garde bien de le mettre en avant, il est un autre domaine où elle est à coup sûr bien classée sur le plan national. Je veux parler de l’opacité de l’information qu’elle dispense à ses administrés. Je parle bien ici d’information et non de communication qui sont deux choses bien différentes. L’information a pour objet de rendre compte le plus objectivement possible d’un événement quand la communication vise en premier lieu à donner au public une certaine image de soi. Si nos élus n’y mettent pas davantage du leur, qu’ils ne s’étonnent pas que leur image nous parvienne déformée.

6 commentaires sur « L’opacité de l’information illustrée par l’exemple »

  1. Merci Joël de rappeler les difficultés pour obtenir les résultats de l’étude de rentabilité d’un prolongement ferroviaire jusqu’à Canfranc. Surtout, qu’une décision de justice décidant sa communication continue d’être violée. Avec l’assentiment de l’ancien Maire d’Oloron qui ne peut s’étonner d’avoir été jeté comme un klenex, dès le 1er tour des législatives avec 12 % des voix.

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  2. Merci Joël pour ta persévérance et ta volonté à vouloir faire éclater la vérité concernant des faits qui concernent tous les Oloronais.
    Ce sont eux qui paient tous ces frais et abus, mais on pourrait croire que la plus part ne se sentent pas concernés par la vie communale et ce que la municipalité peut faire de leurs impôts.
    Lorsque la vérité éclatera, là ils seront outrés…

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  3. a la vue de cette magnifique plaquette…. « immobilier » dans ma boîte à lettres »,ma 1ère question a été combien cela nous a encore coûté !!! papier glacé, l’environnement, combien de plaquettes ont été imprimées ???? cette publication a-t-elle évoquée lors d’un conseil municipal ? aurai-je une réponse à mes questions ? probablement pas vu le flou artistique de toutes les dépenses inconsidérées de cette municipalité ; votre tableau en est l’illustration.

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  4. La transparence est le combat No 1 contre nos politiciens « professionnels » ils savent bien que c’est un grand danger pour eux car si l’immense majorité des citoyens et la totalité des journalistes locaux n’iront jamais regarder les détails d’un budget, il existera toujours quelque empêcheur de cacher …
    Avec Alternatives Pyrénées on a mené ce combat durant des mois, a commencer par la ville et l’agglo de Pau. Et tout est bon pour rendre l’investigation difficile.
    Exemple Pau fournit les documents budgétaires à partir d’une copie papier numérisée : illisible … alors que bien sûr le document existe en numérique …
    Bon courage…
    J’ai moi même dû avoir recours à la CADA pour obtenir le budget de l’EPSA (Etablissement Public des Stations d’Altitude)

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    1. Oui, mais les élus qui traînent les pieds pour fournir ces informations devraient savoir que leur mauvaise volonté, loin de décourager les demandeurs constitue une source de motivation supplémentaires pour eux

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  5. Ce qui serait savoureux est d’accéder aux conditions des adjudications. J’ai suivi par exemple une entreprise française qui a été adjudicataire d’une part de marché sur la voie ferrée Oloron-Bedous. Cette même société a été condamnée en 2014 par les USA à une pénalité de 610 millions pour avoir versé 130 millions de dessous de table afin d’acquérir un marché de 2,3 milliards. Actuellement, elle est au cœur d’une enquête judiciaire en Espagne pour corruption avec des dirigeants politiques. En France, j’ai relevé aussi des choses. Finalement, notre classe politique est tellement déconnectée de la réalité qu’elle ne réalise’ pas qu’ internet offre en information l’équivalent de ce qu’un scanner offre en imagerie médicale.Nous n’avons pas fini de recenser des casseroles.

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