La repentance de Jean Lassalle à l’endroit des Basques : excuses surdosées et explications embrouillées


En grand garçon qu’il est, le député de la 4ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques n’a besoin de personne pour mettre le feu à sa propre campagne électorale. Et accessoirement pour se mettre à dos près de la moitié de ses électeurs, ceux de Soule, du Labourd et de la Basse-Navarre. J’évoque bien sûr ici les propos pour le moins malheureux qu’il a tenus le 20 avril, durant la campagne des présidentielles, sur l’apport des langues régionales dans l’émission « Les enfants de la politique » diffusée sur Radio VL, radio qui se présente elle-même comme la « premier média jeune de France ».

Des propos passés dans un premier temps inaperçus, puis exhumés par un lecteur du site internet mediabask.eus et repris ensuite par La République. Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la réponse de Jean Lassalle à la question suivante d’une jeune auditrice : « Qu’est-ce que les langues régionales peuvent apporter ? ». Cette réponse, que vous pourrez retrouver dans son intégralité sur la vidéo insérée à la fin de ce billet, la voici :

« Beaucoup de choses, (…) à condition qu’on l’apprenne par l’école de la République au lieu de l’apprendre par des voies détournées où l’apprentissage de la langue n’est pas toujours l’objectif premier de ceux qui vous l’apprennent.

Je suis bien placé pour vous le dire parce que je suis député du Pays Basque et j’en ai tellement souffert, d’écoles dont la spécialité première n’était pas d’apprendre la langue. C’était d’apprendre autre chose et parfois même le maniement des armes. Vous comprenez ? ».

Présenter à un public non averti les ikastolak comme des écoles de la subversion et de la guerilla a de quoi surprendre. S’il ne s’est pas rendu compte de l’énormité de son discours au moment où il le prononçait, l’émotion que suscite sa publication par mediabask.eus l’a convaincu, en homme politique par ailleurs candidat au renouvellement de son mandat d’ici 3 semaines, de se dépêcher de faire acte de contrition. D’où un mot d’excuse rédigé en catastrophe et publié toutes affaires cessantes sur son site Facebook. Ce mot d’excuse reproduit ci-dessous mérite quelques commentaires.

Les excuses de Jean Lassalle - Copie
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Question repentance, Jean Lassalle ne fait pas dans la demi-mesure. Il se couvre la tête de cendres, se traîne aux pieds de ceux qu’il a pu blesser, implore leur pardon. Qu’on en juge par les termes qu’il emploie (je les ai soulignés en rouge dans la copie ci-dessus) : « Je vois avec effroi les propos inexcusables que j’ai tenu, aussi injustes qu’infondés… Hélas mes propos ambigus… C’est d’autant plus malheureux venant de ma part… je regrette si profondément… par ma grave faute d’expression… Je demande solennellement pardon… Je présente aussi mes excuses… ». N’en jetez plus ! L’excuse, c’est le remède contre le mal causé. Mais là, j’ai le sentiment que Jean Lassalle en fait trop. Il surdose le remède. Et comme le savent tous les patients et tous les médecins, le surdosage a davantage tendance à aggraver le mal qu’à le soigner.

Dans le même temps, notre député sortant se lance dans ce qu’il appelle une « clarification » : il n’a jamais voulu viser Seaska et les ikastolak, il n’a fait que reprendre « un reproche injuste qui a pu leur être fait il y a une cinquantaine d’années », tout ça c’est la faute de la République (pas le journal) qui après avoir combattu les langues régionales les a laissées à l’abandon. Si l’on ramène cette « clarification » aux propos tenus sur Radio VL, on peut juger en toute objectivité son opération justification particulièrement laborieuse, embrouillée et confuse.

Jean Lassalle conclut sa missive expiatoire en présentant nommément ses excuses aux Corses, aux Bretons, aux Antillais, aux Gascons et aux Occitans. Et les Flamands, les Catalans, les Alsaciens, les Provençaux, ils sont passés par pertes et profits ? Et les Béarnais, oui, les Béarnais dont notre parlementaire, tout à sa bascophilie contrainte, oublie peut-être qu’il est le député, ils n’ont pas droit aussi à des excuses pour leurs calendretas qui peuvent se croire elles aussi injustement accusées par le maire de Lourdios-Ichère d’avoir pu être des foyers de subversion ? Et si, par son comportement parfois excessif, Jean Lassalle était notre Trump à nous, Haut-Béarnais, Bas-Navarrais, Souletins, Labourdins ? Mais un Trump doté d’un solide sens de l’humour et de l’autodérision. Ce qui n’est déjà pas si mal.

Le passage incriminé de l’interview de Jean Lassalle sur Radio VL

7 commentaires sur « La repentance de Jean Lassalle à l’endroit des Basques : excuses surdosées et explications embrouillées »

  1. Jean Lassalle n’aime pas les écoles en général. Dans la république et dans sud ouest le maire de LEDEUIX dénonce la inexistence du député dand

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  2. Il pourrait, tant qu’il y est, s’excuser platement auprès de tous les électeurs de sa circonscription, et même des Pyrénéens en général, qu’à force de pitreries lamentables et de propos irresponsables, il fait passer pour de véritables demeurés auprès de l’opinion publique. Car, étant censés l’avoir élu, nous avons vraiment honte d’être associés à cet hurluberlu grotesque et ignare qui ne connait rien, ne comprend rien, ne s’intéresse à rien qu’à ses propres intérêts, sa réélection, son patrimoine gagné avec son indemnité parlementaire, à ses amis grassement et illégalement arrosés.

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  3. Cela lui en a foutu un  » pet  » derrière la nuque le fait que Bayrou et Juppé se soient entendus pour le laisser sur la touche en confiant la conduite des dernières élections régionales à quelqu’un d’autre. C’est très dur à vivre de ne plus être admis dans la cour des grands. C’est un peu comme quand vous êtes perché en haut d’une échelle et que l’on vous scie un barreau. Quand vous n’avez pas de harnais de protection, çà fait mal. C’est pourquoi, J. Lassalle mérite un peu notre compassion.

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    1. Émanant de quelqu’un qui ne l’a guère épargné, la recommandation de Georges doit être prise en considération… même par le blogueur.
      Et même si Jean Lassalle, qui n’est pas un perdreau de l’année, connaît toute la cruauté et l’ingratitude du monde politique

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  4. Il y a au départ une incompréhension. Pour Bayrou le Graal c’est l’Elysée pas Compostelle .Et pendant que Lassalle tournait en rond sur le territoire , Bayrou réservait déjà sa place à la halte jacquaire sur seine en faisant une seule étape à Bordeaux. Bref bayrou l’a fait marcher .
    Minc en fin connaisseur a dit de Macron qu’il avait un esprit de p****. Forcément ça attire les provinciaux au moins pour se rincer l’oeil.

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  5. Une fois de plus Jean Lassalle démontre le peu d’ attention qu’ il porte à son électorat, qui pour lui se limite à une fonction mécanique de levier, afin de lui permettre d’ accéder à la fonction de Député. Au delà de ça il ne connait plus son monde, si ce n’ est pour le déconsidérer.
    Cette fois-ci, j’ ose espérer que cette mascarade inadmissible, fera ouvrir les yeux aux électeurs. Se retrouvant seul, Il n’ a fait rien d’ autre que se tirer une balle dans le pied pour faire rire le monde, faute de pouvoir chanter sur les bancs de l’ Assemblée.

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