Affaire des notes de frais et « contre-attaque » de Lucbéreilh : un malheureux écran de fumée


Un petit titre figurait en première page de La République ce matin : « Note de frais : Lucbéreilh contre-attaque ». Aussitôt, je me suis réjoui : « Les élus de la majorité et de la minorité municipale, les médias locaux et, plus largement, tous les Oloronais vont enfin avoir une réponse aux fortes interrogations qui sont les leurs depuis les révélations de ces derniers jours sur les irrégularités constatées dans l’établissement de certaines notes de frais remboursées à deux élus municipaux ». Ma joie a été de courte durée !

Quelle déception en effet à la lecture du communiqué d’Hervé Lucbéreilh qui constitue le fond de l’article : pas le plus petit début de commencement d’explication des anomalies relevées par les citoyens qui se sont penchés sur les factures municipales :

  • qu’est-ce qui explique le don d’ubiquité d’un élu qui se fait rembourser à de multiples reprises des frais de missions pour le même jour vers deux destinations fort éloignées l’une de l’autre ? Aucune réponse
  • comment se fait-il que la commune d’Oloron ait pris en charge les frais de déplacement d’un élu participant au congrès de l’association d’extrême-droite Civitas ? Aucune réponse
  • que penser du remboursement à un élu, accessoirement adjoint au maire, de ses frais de déplacement à l’intérieur de la commune ? Aucune réponse

Au lieu d’apporter tous les éclaircissements auxquels nous avons droit, Hervé Lucbéreilh se drape dans son honneur soi-disant offensé et oppose à des questions légitimes la réponse classique de celui qui se trouve dans une situation très délicate : il joue les victimes et relativise la portée des actes mis à la lumière. Bref, il nous fait une fillonade.

Il joue les victimes : toute cette histoire est le fruit de la vindicte d’un blogueur qui n’arrête pas de le dénigrer depuis 3 ans. Alors là, juste une précision : Oloronblog existe seulement depuis 2 ans. Mais je comprends que, comme Hervé Lucbéreilh, on puisse trouver le temps plus long lorsqu’un citoyen lambda décortique votre action municipale, rien que votre action municipale (aucune attaque personnelle… sauf, c’est vrai, sur votre ego démesuré), et met en évidence les libertés que vous prenez avec la loi (cf la vente du camping, le déclassement de la place du Foirail, les mauvaises imputations budgétaires, les WC du Jardin public etc. etc.).

Il relativise : après tout, les crédits en cause ne représentent qu’une part infime du budget communal. Certes. Mais d’une part ce système de défense revient à accréditer l’idée qu’il y a bien eu un maniement pour le moins léger de l’argent du contribuable. D’autre part, si un élu manie les fonds publics de manière aussi cavalière pour les petites choses, comment croire que sur les gros projets il fait preuve d’une gestion plus rigoureuse ?

Je ne doute pas une seconde qu’Hervé Lucbéreilh va tenter de reprendre la main sur des troupes municipales aujourd’hui en plein doute. Qu’il me soit permis de suggérer à ces troupes de compléter leur information au préalable :

  • par exemple en allant consulter de visu au service comptabilité de la mairie les factures et ordres de mission en cause… et les justificatifs qui sont censés les accréditer
  • par exemple en demandant à ce que leur soit communiqué la liste des pièces dont la Chambre régionale des comptes, qui contrôle actuellement les comptes de la mairie pour la période 2011-2015, a souhaité la transmission. Cela leur donnera peut-être une petite idée des axes de recherche de cette institution (j’ai ainsi entendu parler de cartes de crédit pour la fourniture de carburant…)
  • par exemple en s’étonnant que le repas pour le départ d’un curé le 12 août dernier ait coûté au contribuable oloronais 646 € pour 7 convives autour de la table (soit plus de 90 € par convive) ou en cherchant à savoir quel était ce repas donné le 7 mai 2016 (405,60 € pour 6 convives, soit près de 70 € par convive). J’ai cru en effet lire sur la facture : « repas camping ». Mais sans doute que je me trompe !

À l’évidence la « contre-attaque » du maire, parce qu’elle n’apporte aucune réponse aux vraies questions qui se posent, parce qu’elle les élude, n’est qu’un pare-feu en papier. L’incendie va continuer à se propager. Qui pour jouer le rôle du pompier ?

18 commentaires sur « Affaire des notes de frais et « contre-attaque » de Lucbéreilh : un malheureux écran de fumée »

  1. « au fond de quoi s’agit-il ? d’une discussion sur des sommes infimes représentant 0.15% du budget et qu’elles étaient inscrites au budget »

    1/ cela ressemble à un aveu. HL dit qu’il a bien perçu 0.15% de 10 millions soit 15 000 € de remboursement de frais.
    c’est quand même étrange d’aller calculer combien cela représente de % dans le budget de la commune pour se défendre. Il s’agirait de 100 € que cela serait la même chose.

    2/ les crédits sont ouverts au budget : personne n’a dit le contraire ! on veut juste savoir si ces frais sont réels ! si ce n’est pas le cas, cela constitue une faute pénale

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  2. Monsieur le maire a écrit
    « Je n’ignore pas que la période se prête à la divulgation de scandales, tels que le Pénélope Gate, ou les frais de bouche de Monsieur Macron au Ministère des Finances, mais cela n’excuse pas qu’on puisse clouer au pilori quelqu’un comme moi, après 30 ans de vie politique où ma probité n’a jamais été mise en cause, en profitant de mon hospitalisation et ce sans que je puisse m’expliquer et me défendre »
    Que faites-vous de la présomption d’innocence !
    C’est vrai que les évènements ont joué contre lui, du 30 mai au 5 juin, c’était en même temps que Roland Garos.
    Simple hasard, et de plus s’il avait été à cet évènement ?, il se serait pris en selfie avec Monsieur Constanzo !
    Alors du calme laissons-le s’expliquer et la justice fera son devoir.

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  3. Comme le dit fort judicieusement le blogueur « si un élu manie les fonds publics de manière aussi cavalière pour les petites choses, comment croire que sur les gros projets il fait preuve d’une gestion plus rigoureuse ? ».
    C’est bien la question que je me pose également lorsque l’on s’aperçoit de sa proximité avec un certain porteur de projet de carrières et son ardeur à vouloir mener cette étude jusqu’à son terme, pourrait il être géré de la même manière ?…
    Il faut savoir que notre édile à porté plainte contre les responsable de l’association qui se défend contre ce projet. Pourquoi ? Qu’a t il a y perdre ?…
    Oui l’incendie va continuer.

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  4. Vos réponses sont très longues pour répondre à l’argumentaire du Maire, d’autant qu’en aucun moment, il n’évoque qu’il va engager des poursuites en diffamation. Ce qui veut tout dire.

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  5. Je crois qu’hélas c’est dans la nature de l’homme quand il voit le pognon qui passe devant lui et cela quelque soit ses idées politiques.Ceux qui n’en ont jamais croqué même un chouïa devraient être béatifiés. ..Cruel dilemme: être tenté par l’eau de vie au cas ou il n’y aurait pas d’au-delà.

    Pierre Botton qui a fait 2 années de purgatoire l’avait bien expliqué.  » Vous ne vous rendez pas compte, on est dans un autre monde  »

    Pour mon cas personnel j’éviterais de lui jeter la pierre, mon dossier de béatification. étant encore à l’étude sur le bureau du pape François.

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  6. Bonsoir
    Dans cette « affaire », il faut rester calme et prendre un peu de recul. HL est loin d’être stupide et personne ne pourra dire le contraire, c’est un bon tacticien. Aussi, je serais très surpris qu’un tel homme commette si ouvertement de telles erreurs. A mon avis, il se passe quelque chose qui nous dépasse… Alors de deux choses l’une, soit il peut justifier de ce qui nous semble pas « très clair » et là, l’affaire est close, soit il en est dans l’incapacité. Dans la deuxième hypothèse je ne sais pas comment il pourra se maintenir durant les années qui restent. Maintenant tout peut venir d’une erreur (ou de plusieurs erreurs) commises par un quidam… Je le sens bien comme ça aussi !
    … à suivre…
    Bonne soirée

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    1. Je pense que la défense va en effet être celle-là : erreur matérielle administrative. Le problème, c’est qu’il y en a à la pelle (plus de 15 selon les documents en ma possession). Ça finit par faire beaucoup d’erreurs de plume! Mais la consultation de l’agenda officiel du maire devrait permettre d’y voir plus clair. Et cette consultation, seule la justice est à même de la faire.

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    2. Je peux tromper mais il me semble que vous faites preuve de naïveté et voyez de complots partout.
      Souvent les scénarios les plus improbables sont ceux qui marchent le mieux.
      Qui pensait à ce qu’un citoyen lambda aille éplucher les comptes de la commune de la sorte?

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  7. En lisant la défense du maire dans le journal , je lis : « après 30 ans de vie politique….. » et c’est de là,que pour moi , viennent les problèmes de la société civile. Au niveau national , puis en descendant jusqu’au communal , des gens ont fait de ces fonctions un métier , autant changer les lois et en faire des fonctionnaires , ainsi ils seront mieux contrôlés par l’administration ( PS : je soutiens les fonction.). Une fois en place les dérives arrivent et une rupture avec la réalité s’installe , entraînant souvent le « premier cercle » de collaborateurs dans ces facheuses habitudes.
    Au fait , c’est quoi ces grands panneaux , fixés à des blocs de béton (pour ne pas qu’on les vole..?) qui émergent dans tous les coins de notre cité ?
    OLORON 2020 ( pour des travaux ou installations souvent d’ordre privés ) avec des dates de fin plus rapprochées que la dite date , début de la campagne pour 33 ans de vie politique ? Bon courage à tous pour les futures élections…

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    1.  » Au niveau national , puis en descendant jusqu’au communal , des gens ont fait de ces fonctions un métier ……. »

      Un métier suppose qu’ il y ait des droits et des devoirs.
      Certains en ont fait bien plus qu’ un métier . Ils s’ en accaparent pour en être propriétaires féodaux, jusqu’ en faire une rente à vie, qui leur donne la sensation
      d’ intouchabilité, qui leur permet d’ être au-dessus des lois.
      Voir le cas de F Fillon qui avec sa réponse : » Et alors  » en est l’ exemple type de référence. La limitation du cumul des mandats et la limitation du nombre de mandature, pourrait être une réponse. Voir l’ exemple local du Député Lassalle qui a
      phagocyté depuis 30 ans tous les rouages de la société pour faire en sorte que tout doive passer par lui, notamment en matière d’ agriculture de montagne.
      L’ IPHB en est le parfait exemple.
      Voilà un vrai sujet de réforme, qui ne coûte pas cher et qui pourrait rapporter gros, mais aucun candidat à Présidentielle n’ a abordé le sujet.

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      1. féodal, oui mais réélu…le notre est domicilié dans un bois depuis pas mal d’années…oui mais réélu…
        le physique compte aussi, regardez Macron, il est beau , riche, le gendre idéal…c’est ce que dit mon épouse qui a une conscience politique aiguisée après avoir feuilleté Gala au Leclerc 🙂

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  8. Finalement avec l’argumentaire de notre maire, vu le budget de l’assemblée nationale, l’affaire Pénélope Fillon ne représentant que 0.0000… c’est donc négligeable et pourquoi s’en offusquer??!!
    A une autre échelle; en Suède une ministre s’est faite virer pour quelques centaines d’euros dépensés hors du cadre de sa fonction; Pourtant cela ne représentait que 0.00000000001, peut-être moins, quelle honte! Un peu d’humour…. s’il vous plaît.

    Aimé par 1 personne

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