Annonce de la rénovation de l’espace Laulhère, ou l’art de communiquer pour ne rien dire


Lorsqu’on prend connaissance d’un projet d’investissement communal, on attend pour le moins d’obtenir une réponse à ces 4 questions : quelle sera la nature des travaux ? combien coûteront-ils ? qui les financera ? quand seront-ils réalisés ? Dans La République de ce mercredi matin, en page d’Oloron, un long article traite de la rénovation de l’espace Laulhère. Le travail du journaliste n’est nullement en cause, il travaille à partir des informations qu’il réussit à glaner. Mais force est de constater que ces 4 questions restent sans réponse malgré toutes les explications données par le fonctionnaire chef de service commis d’office pour nous annoncer l’opération. Reprenons ces questions point par point.

Quelle sera la nature des travaux ?

C’est l’inconnu, si l’on excepte l’annonce de contact avec une société danoise qui (noter le conditionnel « …pourrait installer des sortes de boudins gonflables au plafond, ce qui améliorerait l’isolation phonique… ». Est également prévue l’installation de panneaux photovoltaïques. Mais la rénovation se résume-t-elle à l’éventuelle mise en place de boudins en provenance du Danemark et de panneaux photovoltaïques ? Quand on connaît un peu l’espace Laulhère ça semble bien léger comme remise en état.

Combien coûteront les travaux ?

Un seul chiffre nous est donné : 200 000 € pour les boudins. Pour les panneaux photovoltaïques, nous apprenons simplement qu’ils seront cofinancés par la Région et par l’État. D’ailleurs la réponse du fonctionnaire territorial a le mérite de la franchise : « On en sait trop peu sur les possibilités de co-financements, et nous commençons à peine la préparation budgétaire pour l’année prochaine ». Dit autrement : sur le plan budgétaire nous ne savons pas où nous allons dans cette opération.

Qui supportera le financement des travaux ?

Parole au fonctionnaire territorial cité par La République : « Nous sommes en train de travailler à des solutions qui pourraient être cofinancées par l’État, le Département, la Région, et même, pourquoi pas, des investisseurs privés : toutes les pistes sont à l’étude ». Et un peu plus loin dans l’article : « Un opérateur privé pourrait également participer au financement des panneaux et contribuer à la réparation du toit avec les bénéfices générés par l’installation. ». En clair : on n’est pas assez avancé dans le projet pour vous apporter quelque réponse que ce soit.

Quand les travaux seront-ils réalisés ?

Parole une nouvelle fois au chef de service : « Sur un bâtiment comme celui de l’espace Laulhère, on ne possède pas assez de données financières et techniques pour pouvoir déterminer le phasage des différents travaux. ». Ce qui signifie concrètement : on n’en sait rien à cette heure-ci.

Résumons la situation : la mairie missionne l’un de ses chefs de services pour présenter à la presse un projet en expliquant qu’il ne connait pas encore les contours exacts de l’opération, qu’il ignore à ce jour son coût, qu’il ne sait toujours pas comment elle sera financée,  qu’il ne peut préciser son calendrier de réalisation. Normal ce brouillard, le projet n’en étant qu’à ses prémices. D’ailleurs, même le conseil municipal n’en a pas délibéré. Cela étant, si le conseil municipal d’Oloron était informé des travaux dont le maire décide la réalisation, ça se saurait : cf l’opération « toilettes publiques/point chaud » du Jardin public.

Conclusion : nous avons affaire ici à une communication pour le moins prématurée. On peut s’interroger sur les motifs qui peuvent pousser une collectivité à communiquer pour ne rien dire, au risque de nuire à sa crédibilité. Seule réponse qui me vient à l’esprit : le besoin irrépressible d’occuper l’espace médiatique. Et le plus fort, c’est que ça marche !

3 commentaires sur « Annonce de la rénovation de l’espace Laulhère, ou l’art de communiquer pour ne rien dire »

  1. Haaa, l’Espace Laulhère…. Encore un potentiel gâché d’Oloron… A part de la mise aux normes a minima, rien n’a été fait depuis 2 mandats. Ce bâtiment devrait être le support d’un projet intercommunal vu sa taille, les investissements forcément lourds qu’il demande et sa place dans le paysage. Mais on préfère le garder jalousement à la ville, – pour finalement ne rien en faire-, et mettre les millions de la CCPO dans des musées vides (de contenu autant que de public).

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  2. Que faire de l’espace Laulhère ? En 2011, l’ancienne municipalité annonçait la création d’un espace multifonctionnel pour un investissement de 4 M€ dénommé La Fabrique. En 2015, changement de pied : la nouvelle municipalité, tout en maintenant le nom de La Fabrique annonce vouloir y réaliser un technopôle tourné vers les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Un an plus tard, il n’est plus question de technopole, mais de replâtrage de l’existant. Conclusion : on navigue à vue.
    Par ailleurs, votre jugement sur les musées oloronais est un peu sévère : pour en avoir fait le tour durant l’été, j’admets que la foule ne s’y pressait pas, mais leur contenu est loin d’être inintéressant.

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  3. Le projet du CIAP est passé comme une lettre à la Poste à la CCPO, et même si le contenu n’en est pas inintéressant (j’y suis passé cet été aussi), j’ai l’étrange impression que les investisssements consentis furent disproportionnés au regard de ce que l’on avait à y mettre. Dans le même temps, il a été impossible pour la ville de concrétiser son projet de Fabrique pourtant élaboré en concertation avec une partie du monde associatif, écrit, chiffré, phasé, et à « vocation haut-béarnaise » si je puis dire. C’était le sens de ma remarque. Le Maire actuel peut s’agiter tant qu’il veut, je ne crois pas à la reconversion de ce site avec les moyens exigus de la ville quand bien même il aurait un projet au moins aussi intéressant que La Fabrique à y mettre. Donc doublement d’accord avec vous :
    -On navigue à vue
    -On sort les trompettes pour un replâtrage suivi de « rien »

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