Maintien d’une maternité à Oloron : texte intégral de la motion adoptée le 14 juin par la commission médicale du centre hospitalier de Pau


L’Agence Régionale de Santé (ARS) a demandé à la communauté médicale paloise de faire des propositions concernant l’avenir de la maternité d’Oloron. Suite à l`analyse de la situation, en lien avec la communauté médicale du Centre Hospitalier d`0loron, la commission médicale du centre hospitalier de Pau a adopté le 14 juin une motion. Pour la complète information des Oloronais (et des autres), je vais en reprendre ici de larges extraits (cf les passages en italique ci-après). Étant entendu que le texte complet peut être téléchargé grâce à un lien figurant au bas du présent article.

La motion indique que 3 scenarii ont été proposés :

1) Maintenir une maternité autonome à Oloron

« Cette hypothèse peut se justifier à condition qu`une équipe se renouvelle sur place…. Or, que ce soit en gynécologie ou en pédiatrie, des postes ont été ouverts par le CH d’0loron en 2015, pour lesquels il n’y a eu aucune candidature à ce jour.

Cette solution nous parait donc très compromise. »

2) Maintenir une maternité au CH d’Oloron adossée à la maternité du CH de Pau

« Le déploiement des équipes médicales paloises sur le CH d’0loron ne peut se faire que si cela ne grève pas le fonctionnement de la maternité de Pau et donc la sécurité des patientes et des bébés (……)

La création d`une garde prise par des médecins patois imposerait de recruter : 5 praticiens en gynécologie-obstétrique avec qualification chirurgicale et 5 pédiatres formés à la réanimation néo-natale. Or la démographie médicale extrêmement tendue dans ces 2 disciplines nous fait craindre que cette hypothèse ne soit impossible à mettre en place.

En aucun cas les médecins de l`hôpital de Pau ne pourront venir assurer le fonctionnement de la maternité d’0loron si ces conditions de recrutement ne sont pas complétement remplies. »

3) Créer un « Centre Périnatal Oloronais de Proximité » (CPP)

« ll permettrait une offre de soins structurée, en mettant en place un fonctionnement en collaboration étroite entre les différents acteurs de santé d’0loron et de Pau (médecins généralistes et sages-femmes du territoire d°0Ioron, urgences des 2 CH, service de maternité et de pédiatrie de Pau) mais aussi des autres CH du territoire afin de respecter le libre-choix des parturientes (Saint Palais, Bayonne) (….…)

Cette articulation entre les acteurs dans ce CPP permettrait ainsi d’anticiper les grossesses à risque, des patientes les plus fragiles, notamment lorsqu’elles sont isolées (vallées) en partageant des informations médicales de santé participant à une prise en charge coordonnée de qualité.

Cette hypothèse de CPP assurerait et même améliorerait la sécurité de la prise en charge actuelle des accouchements, y compris dans les vallées, et elle est une solution viable et pérennisable sur le long terme. »

Après avoir passé en revue les trois scenarii, la motion rappelle la position de l’ARS. Sans pour autant la partager :

« Le 28 avril 2016, l’ARS a pris la décision de choisir le scenario 2, en demandant au CH de Pau de publier 5 postes en gynéco-obstétrique et 5 postes en pédiatrie. Ce choix, même si nous en prenons acte, ne nous semble pas raisonnable (……) »

Elle explique les raisons qui poussent le corps médical à émettre des réserves :

 « – Le service de gynécologie-obstétrique du CH de Pau a eu récemment des difficultés à recruter des médecins de cette spécialité, et a donc été contraint pendant près de 2 ans de fonctionner en sous-effectif médical.

Trouver 5 médecins de cette spécialité en quelques mois sera donc impossible. De la même façon, trouver 5 pédiatres, tous formés en réanimation néo-natale, nous parait illusoire.

– A l’heure où le CH de Pau se voit imposer par l’ARS un Plan de Retour å l’Equilibre, avec une nécessité de réorganisation mais surtout des baisses de dépenses notamment en personnel non médical. Il nous parait incohérent de devoir augmenter les dépenses en personnel médical de l`ordre de plus d’1 million d’euros.

– Nous rappelons qu’en aucun cas les équipes médicales paloises ne se déplaceront en garde sur Oloron si les effectifs requis pour cela (5 médecins de chaque spécialité) ne sont pas pourvus. En effet cela entraînerait de fait une diminution des effectifs sur le CH de Pau et donc une dégradation de la prise en charge des parturientes et des nouveaux nés sur notre hôpital.

– Cette décision retarde les formations des sages-femmes, médecins généralistes et urgentistes nécessaires dans le cadre du CPP tel que nous l’avions proposé. Or ces formations ne pourront se faire au dernier moment, si, comme nous le pensons, ce scénario 2 échoue, et que la seule solution soit bien la mise en place d’un CPP. »

La motion se conclut comme suit :

« Nous demandons donc que le point d’étape, qui doit avoir lieu à l`automne 2016, soit le moment d’une décision s’engager rapidement vers un futur mode de prise en charge de la périnatalité sur Oloron pérenne et sécure. »

N’ayant pas toutes les cartes en mains, je serais bien présomptueux si j’émettais un avis sur le bien-fondé de la prise de position du corps médical palois qui, si j’ai bien compris, rejoint celle du corps médical oloronais. Une seule chose est sûre : ceux qui souhaitent maintenir une maternité sur Oloron ne devront compter que sur eux-mêmes pour trouver une réponse rapide aux problèmes qui se profilent, en particulier dans le domaine du recrutement de praticiens en nombre suffisant et opérationnels avant la fin de l’année 2017.

Motion hôpital de Pau – le texte intégral