Centre hospitalier d’Oloron et centre hospitalier de Jaca même combat


« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », affirmait Blaise Pascal. Il est pourtant au moins un sujet d’inquiétude que les Oloronais et les Jacetanos ont au même moment en commun, c’est celui du devenir de leurs centres hospitaliers respectifs.

Même si rien n’est jamais tout à fait comparable – les systèmes de santé français et espagnols présentent tout de même bien des différences – la situation dans le cas d’espèce présente quelques similitudes. Elle est même un peu plus délicate chez notre sœur jumelle : manque d’anesthésistes et de radiologues, plus d’accouchements depuis plusieurs mois par manque de gynécologues obstétriciens. En Aragon aussi on assiste à une mobilisation citoyenne qui a pris le nom de La Plataforma Pro-Hospital de Jaca : signature d’une pétition qui a recueilli 10 000 signatures, organisation à la mi-avril d’une manifestation de soutien qui a réuni 1 500 à 2 000 personnes.

Juan Manuel Ramón est maire (socialiste) de Jaca depuis juin 2015. Le 25 avril dernier, il donnait une interview à un site numérique afin de rendre compte de sa première année de mandat. Voici, en traduction libre, mais je crois fidèle, la partie de son intervention consacrée au centre hospitalier.

« Question – La Plateforma Pro-Hospital de Jaca a recueilli quelques 10 000 signatures pour défendre ce centre hospitalier. Le principal problème actuel c’est que les femmes doivent aller accoucher à Huesca car il n’y a plus d’urgences gynécologiques. Combien de temps cela peut-il durer ?

Juan Manuel Ramón – Nous espérons que cela reviendra le plus vite possible à la normale. Nous voulons parvenir à une solution définitive, mais pour l’heure ce qui nous intéresse c’est de trouver une solution pour en finir avec la situation actuelle. Il s’agit là d’une question qui est en dehors du champ de compétence de la Municipalité et nous sommes face à un sujet complexe. Mais nous sommes nombreux à travailler pour obtenir des réponses. Nous voulons que Jaca ait l’offre de soins qu’elle mérite.

Q – Particulièrement en gynécologie…

JMR – Actuellement, sur nos trois gynécologues, un seul assure des gardes. Il ne peut être de garde en permanence. Nous ne pouvons donc assurer un service 24 heures sur 24.

Q – Pourquoi est-il si compliqué de pourvoir ces postes ?

JMR – Dans bien des cas, ce n’est pas une question politique ou économique. Le problème est d’obtenir des professionnels en gynécologie mais aussi dans d’autres spécialités comme la radiologie ou l’anesthésie. Dans ces deux cas, nous faisons avec des rustines. En anesthésie, les besoins se résolvent avec des gardes de professionnels qui viennent de Huesca et en radiologie on soigne deux jours par semaine pour essayer aussi de désengorger les listes d’attente.

L’idéal serait d’avoir un radiologue tous les jours, ce qui est prévu dans l’offre de soins. Il faudrait aussi que nous nous ayons un poste en anesthésie et aussi que soient pourvus les postes de gynécologie. Mais les personnels des hôpitaux périphériques ne sont pas du tout stables. Ce sont les premiers à souffrir du déficit de professionnels qui existe dans des zones déterminées. Nous avons des installations de premier ordre mais il nous manque les professionnels nécessaires pour couvrir les besoins durant les 24 heures des 365 jours de l’année. »

Il y a quelques jours, le Parlement d’Aragon a adopté deux motions à l’initiative du Parti Populaire et du Parti Autonomiste Aragonais. Ces résolutions demandent, entre autres, la réouverture immédiate de la maternité et des urgences obstétriques ainsi que le recrutement de deux médecins pour les urgences. Je n’ai pas le souvenir que notre Parlement de Navarre ait voté une motion en faveur du centre hospitalier d’Oloron. Il est vrai que le Parlement d’Aragon a dans le domaine de la Santé de compétences beaucoup plus importantes que celles dont dispose notre Département. « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà »…..

Je ne saurais conclure ce billet sans relayer l’appel à la grande manifestation citoyenne organisée par le Collectif santé samedi prochain, 28 mai, pour le maintien d’une offre de soins de qualité à Oloron.

Collectif Santé appel à manifestation

 

 

3 commentaires sur « Centre hospitalier d’Oloron et centre hospitalier de Jaca même combat »

  1. j’imagine que les médecins de toute nature et en activité seront nombreux et exprimeront la vraie vie d’aujourd’hui et de demain …..
    j’imagine que vous ne me verrez pas à ce type de rencontre où on est contre tout, in fine ,et pour tout ce qui est contre ( médecins en particuliers= cf phrases et comportement de politiques locaux dans ses dernières semaines )
    j’imagine que l’ars , les élus , les syndicats préparent 2018 et les prochaines décisions et manifestations
    j’imagine un symposium ouvert à tous bien organisé (cela fait 2 ans que je l’ai proposé à certains) sur une matinée posant clairement les problématiques : les rêveurs , les réalistes, les procrastineurs, les non dits,les mises en situation de certains acteurs médicaux les mettraient peut être en face de leurs responsabilités et les élus seraient porteurs d’un vrai message !!!!!comme d’habitude , je rêve ….
    cordialité
    un ex o s qui sait trop la vraie vie passée et devine demain en espérant se tromper !!!

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  2. bjr,
    nous allons souvent en espagne et nous avons effectivement constaté, echangé avec les habitants de jaca qui voient leur hopital se déshabiller au profit de huesca ( par ex le mamographe a été arrété).
    Même combat qu’oloron donc et pour les mêmes raisons : rationalisation économique, tant pis si les patients doivent faire une demi heure ou une heure de route en cas d’urgence!
    Pour ce qui est d’oloron :
    1)la reforme en cours par le ministere de la santé, vise à créer des groupements hospitaliers. Oloron et orthez seront donc intégrés à PAU. Normalement cela devrait permettre de recuire les couts administratifs ( on dit mutualiser dans l’administration), par exemple, une seule DRH, une seule DSI, une seule Dir Finaces…Mais dans l’administration, c’est toujours difficile de réaliser les gains d’efficacité….
    2) le recrutement de professionnels de santé : une généraliste espagnole s’est installée il y a a peu, le pneumologue est belge, une anesthésiste est roumaine avec une expérience flamande, une biologiste d’origine roumaine exerce en laboratoire. Plutôt que de commencer à dépenser dans un cabinet de recrutement, pourquoi ne pas rencontrer ces personnes et utiliser leur réseaux personnels et professionnels pour trouver des contacts et essayer de recruter? Ils se comporteraient comme ambassadeurs du haut bearn et de son hopital. On pourrait même leur fournir un argumentaire familial, culturel,sportif, scolaire….pour diffuser à leurs contacts/réseaux. En français, en espagnol et en anglais, bien sur. Il ya égalemment un association de résidents anglais dans le bearn, on pourrait les associer pour faire diffuser les offres dans le système de santé britannique ( NHS)

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