Collectif santé et devenir de l’hôpital : compte-rendu de la réunion du 19 février


 

Personnel soignant, médecins hospitaliers et médecins libéraux, hommes et femmes politiques de tous bords, organisations syndicales, citoyens lambda, nous étions très nombreux à remplir, et même au-delà de ses capacités, la salle Louis Barthou à l’invitation de Jean Lassalle et Robert Bareille pour cette relance du « Collectif santé ». Ah ! dans cet inventaire à la Prévert, j’allais oublier deux ratons laveurs : un collaborateur amené par Jean Lassalle dans ses bagages, dont j’ai vaguement compris la fonction : semble travailler sur les problèmes de santé au Conseil économique et social à Paris ; et un reporter, réalisant pour Arte un documentaire sur les territoires ruraux, qui n’a pas arrêté de filmer une seconde.

Si les deux animateurs ont, durant toute la soirée, fait montre d’une inépuisable volonté de synthèse, ils ont fait preuve en même temps d’une épuisante absence d’esprit synthétique. Ce n’est en effet qu’après 50 minutes de présentation de personnalités diverses, de remerciements aux uns et aux autres, de rappels historiques que l’on a commencé à rentrer dans le vif du sujet. Merci à Bernard Aurisset qui a su les interpeller afin d’écourter cette étape, sinon nous y serions encore. Mais nous avons tout de même terminé à 23 heures 20 une réunion entamée peu après 20 heures (Jean Lassalle n’est arrivé qu’avec 10 minutes de retard).

Après la longue entrée en matière de ce billet (le travers Lassalle et Bareille aurait-il déteint sur moi ?), voici ce que j’ai retenu des différentes prises de parole. Ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit là du plus important qu’il fallait retenir. Mais, après tout, ceux qui voulaient se forger une opinion personnelle n’avaient eux aussi qu’à être présents.
Le point de vue des syndicats du centre hospitalier : ont appris que la fermeture de la maternité devait intervenir en octobre ainsi que la fermeture du service réanimation appelé à se transformer en service de soins continus. Se sentant seuls et impuissants, ils ont demandé à rencontrer les élus. Ils considèrent aujourd’hui qu’ils sont moins seuls et se félicitent que les citoyens soient dorénavant informés de la situation.

Le point de vue des médecins du centre hospitalier :
• Docteur Françoise Moore (gastro-entérologue) : 10 médecins ont quitté l’hôpital dans la dernière année. Parmi eux, 4 anesthésistes. On paie des remplaçants, mais cela limite le suivi médical. Et puis les remplaçants ne se précipitent pas : les jeunes médecins veulent une qualité qu’ils ne trouvent pas ici en raison de la lourdeur des astreintes. Sur 6 anesthésistes, il n’en reste plus qu’un. On se rapproche donc de l’hôpital de Pau pour collaborer. Les médecins qui restent veulent se battre pour l’hôpital
• Docteur François Pédespan (cardiologue) : ne pense pas que l’absence d’un service réanimation en tant que tel soit un obstacle puisqu’il y aura un service de soins intensifs. Après tout, sur l’hôpital de <Pau, la plupart des patients sont pris en charge dans l’unité de soins continus.
• Docteur Gérard Biancalana (ex-médecin chirurgien à l’hôpital) : lorsque je pars à la retraite en 2005, le corps médical est au complet. Comment se fait-il que ce ne soit plus le cas ? Et puis on a perdu ‘esprit de famille qui existait avant.
• Docteur Patrick Quinquis (dentiste) : fustige les dispositions de la loi santé qui vient d’être votée

Le point de vue du personnel soignant : regrette l’absence à cette réunion de la directrice du centre hospitalier. Des infirmières en réanimation doutent que le passage en soins continus ne soit une solution satisfaisante et craignent que cela complique encore un peu plus la recherche de médecins.

Le point de vue des médecins du secteur libéral :
• Docteur Didier Marion : se dit très agréablement impressionné par cette réunion où chacun apporte son point de vue de là où il est. Il considère qu’on ne peut trouver de solution qu’une fois les problèmes posés. Mais accorder une prime aux jeunes médecins qui s’installent, comme cela a été proposé, cela a été essayé ailleurs, et ça ne marche pas. On est confronté ici à un problème de territoire, de distance, d’accessibilité. La maison des internes qui va bientôt se concrétiser est une bonne chose.
• Docteur Gérard Darsonville : cela fait 40 ans qu’il entend dire que l’hôpital va fermer. Ce qui a changé, c’est la pratique médicale. Si on ne recherche pas la qualité de vie des médecins qui s’installe, on court à l’échec.

Le point de vue des citoyens lambda :
• Une anthropologue se demande si les différences de discours entre médecins, syndicats et soignants n’est pas le signe d’un manque de dialogue à la base.
• Plusieurs intervenants pensent que nous sommes ici confrontés à ce à quoi sont confrontés d’autres services publics (écoles, ONF etc..) : une dégradation qui est dans la logique du système libéral. Ici, réaction personnelle : si tel était le cas, ce n’est pas à partir d’Oloron qu’on règlera la question, c’est à un autre niveau que ça se joue ; on perd notre temps ici.

Le point de vue des politiques :
• Jean Lassalle après avoir craint que la fermeture d’un seul service ait un effet domino qui se répercute sur la totalité de l’activité du centre hospitalier, propose une rencontre des politiques de toutes sensibilités avec la ministre de la Santé afin d’attirer son attention sur le problème
• Robert Bareille : il ne faut pas trouver des boucs émissaires (l’Agence régionale de santé, la direction du centre hospitalier….) : seule l’unité de tous permettra d’obtenir des résultats. Notre responsabilité à tous est donc très importante. Notre action est une action d’adhésion, non de revendication.
• Bernard Uthurry voit dans les investissements lourds déjà programmés sur l’hôpital un signe d’espoir. Il faut en outre trouver des arguments pour être plus attractif.
• Hervé Lucbéreilh (délaissant pour un instant le mobile sur lequel il n’a pas cessé de pianoter durant toute la soirée) : se dit favorable à une rencontre avec la ministre, tout en n’attendant rien de ce type de rendez-vous, si ce n’est une occasion de l’informer. Tenant à sortir de la sinistrose ambiante, il liste considère que nous sommes ici sur un territoire d’excellence, bien qu’enclavé. Selon lui, l’Agence régionale de santé ne discute pas le maintien du centre hospitalier. Pour preuve, les subventions accordées pour les prochains investissements. Mais il faut trouver des moyens pour faire venir les médecins. Il recevra dans les prochains jours trois étudiantes en dernière année de médecine qui veulent s’installer en milieu rural. Le maire d’Oloron conclut en considérant qu’il ne faut pas accepter de se laisser enlever une seule spécialité.

Et maintenant ?
• L’assemblée approuve à l’unanimité un texte qui demande le maintien de l’offre de soins, le maintien de la qualité des soins, et le maintien des emplois dans ce secteur d’activité. (Robert Bareille s’est engagé à ne pas ressortir sa brouette pour aller proposer la signature de texte à tous les citoyens qui le souhaiteront)
• Jean Lassalle va solliciter au nom des politiques une entrevue avec la ministre de la Santé
• Le « Collectif santé » va engager plusieurs initiatives (dont la création d’un comité de pilotage le plus ouvert possible)
• Et, si j’ai bien compris dans le brouhaha de la fin de la réunion : prochaine assemblée générale du Comité courant mars.