Le n°3 du magazine municipal vient de sortir : regard critique


Inf'Oloron3Est-ce dû à l’exceptionnelle douceur de cette fin d’automne ? Ou bien aux premières manifestations de la grâce de Noël ? Toujours est-il que j’ai pris plaisir à lire le numéro 3 du magazine municipal trouvé dans ma boîte aux lettres ce vendredi. Le contenu est informatif et varié, c’est bien écrit, et, ce qui ne gâche rien, pas la moindre publicité commerciale n’y est glissée, si l’on excepte l’annonce d’ouverture de nouveaux commerces. Et ici prennent fin mes amabilités.

Car personne n’est dupe : un magazine municipal est certes un outil d’information de la population – d’ailleurs il a pris ici le nom d’Inf’Oloron -, mais c’est avant tout un outil de communication, de propagande comme on aurait dit autrefois. Il est destiné avant tout à présenter l’action de la majorité municipale sous son meilleur jour. Qu’y a-t-il parfois au-delà des mots ? Parcourons ce numéro 3 d’Inf’Oloron.

L’édito du maire (page 3). Hervé Lucbéreilh établit un singulier raccourci entre les défis qui attendent Oloron en 2016 et les drames qui ont frappé notre pays en 2015. Mais quand il liste ces défis – désenclavement de la ville, développement économique, attention portée aux secteurs social, culturel et sportif, rétablissement des finances locales – on croit relire son programme municipal, ou ses vœux 2015 et 2016 et probablement anticiper sur ses vœux 2017. Rien de nouveau donc sur la planète.

Oloron, territoire d’énergie positive (page 8). Le ton de l’article pourrait laisser penser que notre ville a été distinguée de façon très particulière par le président de la République et sa ministre de l’Écologie pour l’action que nous menons dans les domaines de l’environnement et du développement durable. La réalité est un peu différente : notre ville est l’une des 528 collectivités françaises ayant fait acte de candidature. Il lui reste maintenant à construire son projet. Donc, rien n’est fait. Et si le journal reproduit une photo du représentant de notre ville en compagnie de Ségolène Royal, c’est parce que la ministre, telle le commandant d’un navire de croisière avec ses passagers au moment de l’embarquement, s’est fendue d’une photo avec chacun des 528 représentants des collectivités concernées.

Voirie oloronaise : un contrat de partenariat en réflexion (page 10). Si l’on en croit l’article, ce contrat de partenariat permettrait à la ville de ne pas réaliser seule ces lourds travaux. Ce contrat est un peu l’Arlésienne : on nous en parle sans arrêt et on ne voit rien venir. Il vaut d’ailleurs mieux. En réalité, l’opération consisterait à remettre en état la voirie pour plusieurs dizaines de millions d’euros et à payer…. plus tard. Mais à payer. Et au prix fort. Pour le plus grand bénéfice de l’entreprise à laquelle seront confiés les travaux. Doublant ainsi au bas mot une dette communale qui est déjà jugée beaucoup trop lourde.

Cesel (page 21). La lecture de l’article pourrait laisser penser que ce conseil économique, social et environnemental local est déjà consulté par la municipalité sur les projets, donne son avis, fait des propositions. Il n’en est rien. Un an après son lancement officiel, le Cesel est toujours dans les starting-blocks. Nous avons droit ici à l’affichage d’une démocratie participative qui n’a pas encore eu la moindre traduction concrète.

Les travaux en régie (page 30). Cette page du magazine nous informe que la rénovation de la salle des Boiseries de la mairie et l’aménagement des nouveaux locaux du CCAS ont été réalisés en régie par les employés municipaux. Message clairement affiché : voyez, nous travaillons à moindre coût puisque que ces deux opérations n’ont pesé sur le budget communal que le seul l’achat des fournitures. Cette présentation n’est pas honnête. Pour connaître le coût réel de l’opération, il faut en effet intégrer le coût salarial des employés communaux correspondant aux heures qu’ils ont passées à exécuter ces tâches. Et peut-être pourrait-on alors établir un comparatif de prix entre la réalisation des mêmes travaux par des artisans locaux et par des salariés de la commune. À l’avantage de qui ?

Nous allons arrêter ici cette relecture critique. Mais chacun de ceux qui ont en mains ce nouveau numéro du magazine municipal pourra se livrer au même exercice. Quant à ceux qui ne sont pas encore en possession du journal, un peu de patience : il finira bien un jour par être en ligne sur le site internet de la ville. Faudra-t-il qu’ils attendent l’année prochaine ?

2 commentaires sur « Le n°3 du magazine municipal vient de sortir : regard critique »

  1. GrrgRrgrgrGRR… On devrait TOUS être vent debout contre les partenariats publics privés qui vont plombés l’avenir des communes… mais le pot aux roses n’éclatera au grand jour que quand les politiciens actuels seront retraités et donc plus responsables de rien… Je suis outrée !

    Les partenariats publics privés permettent à des villes (et pas que) de s’endetter sans en avoir l’air, mais le plus grand nombre l’ignore…

    Il s’agit de passer un partenariat avec une boîte privé, que vous rémunérez chaque mois pendant X années… et la boîte privée s’occupe de la demande de crédit qu’elle rembourse elle… La collectivité peut donc faire des crédit qu’elle rembourse sous forme de frais de fonctionnement à une boîte qui a contracté le crédit à sa place (et fait sa marge au passage, le projet coutant ainsi plus cher).
    Une ville peut ainsi faire des travaux, et se targuer auprès de ces citoyens que son endettement est bon… puisque les frais de fonctionnement deviennent de l’endettement sans en avoir l’air…

    Pire, parfois, la boîte privée s’occupe elle-même de monter le dossier concernant la rentabilité d’un projet qu’elle va réaliser (cas de l’autoroute A 65 dont on connait le manque de rentabilité actuel…).

    Mais jusqu’ici tout va bien…

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  2. On ne peut mieux expliquer que vous ne le faites la perversité du système et l’objectif poursuivi (masquer l’endettement de la commune). Surtout dans des domaines comme la voirie qui ne présentent aucune difficulté technique particulière. D’ailleurs un signe ne trompe pas : Oloron est l’une des deux seules communes de France (je dis bien de France) à avoir déposé un pré-dossier en vue de la conclusion d’un contrat de partenariat pour une opération de voirie. Si ce type de solution était aussi avantageux que cela pour la commune (et donc pour ses administrés), ne pensez-vous pas qu’elles seraient des dizaines voire des centaines à recourir à ce type de contrat ?

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